La Geste d’Avant le Temps : épisode 27

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti !

Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 27 : princesse du Temps ?!

Elestra n’eut pas le temps de lire la suite car la porte s’ouvrit.

Une grande femme, habillée d’une toge (ou ce qui semblait être une toge), entra dans la pièce. Ses cheveux étaient violets – d’un violet profond, aussi profond que les améthystes qu’Elestra avait vues, une fois, dans la carriole d’un camelot. On aurait dit que la chevelure était sculptée dans de la soie : elle coulait avec la fluidité d’une étoffe, ou d’un cours d’eau. Quand elle prit la parole, la femme avait la voix chantante, aussi douce que l’appel du rossignol à l’aube :

« Je vois que vous avez pris connaissance de la prophétie. Bien, bien, une chose de moins à vous expliquer, chère princesse du Temps… » commença la femme en lui adressant un sourire engageant.

La prophétie ? Mais de quoi parlait cette femme ? La tête d’Elestra tournait, tournait, tournait, comme les aiguilles sur le cadran d’une horloge. Elle essaya néanmoins de protester :

« Princesse ? Moi ?… Mais… non, je… vous devez faire erreur ! Je ne vois pas de quoi vous parlez… c’est une prophétie, ça ? Pour moi, c’est plutôt un charabia incompréhensible. Et où sommes-nous, d’abord ? Quelles sont les plantes qui poussent dans ces champs ? Et pourquoi le soleil… »

« Vous comprendrez en temps voulu », l’interrompit la femme avec un geste d’apaisement. « Pour l’instant, calmez-vous. Le temps presse et vous devez vous préparer. Où se trouve votre harpe ? »

Elestra se sentait perdue – perdue et impuissante, face à ce qu’elle venait d’entendre et de lire. Encore plus perdue qu’elle ne l’était auparavant. Elle tenta de retrouver ses esprits. Cette femme… la voix lui semblait familière. Il y avait une sensation de douceur dans cette voix, de douceur et de quelque chose de plus – métallique. Comme une menace cachée. Pourtant, elle connaissait cette voix… comment était-ce possible ? Et comme était-elle parvenue à lire dans cette langue inconnue ? Et si cette femme était… non, ça ne pouvait pas…

Soudain, une éclatante lumière déchira le ciel turquoise. La femme poussa une exclamation ; Elestra eut un mouvement de recul et ferma les yeux pour échapper à l’éclair aveuglant. Puis, la lumière disparue, plus de tic-tac…

« Le portail ! » s’écria la femme aux cheveux violets. « Il s’est activé… après tout ce temps ! Mais… pourquoi ? C’est une véritable catastrophe ! »

L’instant d’après, elle se ruait hors de la pièce, laissant Elestra seule. La jeune fille eut juste le temps d’entendre la porte être fermée à double tour, avant de s’évanouir à nouveau.

Fabien Imhof

Photo : ©Felix Mittermeier

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