La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°2 : La Geste d'Avant le Temps

La Geste d’Avant le Temps : épisode 48

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 48 : la fin de la Diacre

Dans l’intervalle, la maison d’Angélus était devenue lieu de confusion et de surprise.

Hypérion, inconscient et allongé sur la table ; Elestra à ses côtés, ne comprenant pas comment il était arrivé là et pourquoi il était dans cet état ; Angélus qui commençait à saisir que ces deux humains étaient liés ; et Nanji, près de la porte, qui enfin s’approchait de cet humain à la harpe.

Cet instant sembla figé jusqu’à ce qu’Elestra prétextât un besoin de matériel pour qu’Angélus et Nanji sortent de la maison et les laissent seuls… ce qu’ils firent, toujours un peu ébahis de la situation. Quand Nanji disparut hors de la maison, Hypérion reprit connaissance et vit Elestra à ses côtés :

« Elestra ? C’est bien toi ? »

Heureuse de voir enfin un visage familier depuis tout ce temps, elle le prit dans ses bras. Soudain, il se raidit et la repoussa un peu.

« Comment puis-je être sûr que c’est toi ? Je dois être en train de rêver dans mon monde virtuel, ceci est sans doute un piège ! »

Elestra resta interdite quelques instants, puis :

« Mais… mais… Comment ça ? Virtuel ? Pas du tout ! Ceci doit être bien réel, même si c’est inconnu et paraît étrange… j’ai l’impression bizarre que, d’une manière ou d’une autre, j’ai un lien avec ce lieu… »

Au même moment, Nanji, voulant revenir voir l’humain à la harpe, passa la tête à travers la porte et Hypérion se mit les mains aux oreilles et cria :

« Non pas ce bruit, encore ! »

Elestra fit signe à Nanji de ressortir. Hypérion se calma : le bruit et la douleur avaient disparus.

« Tu as vu Nanji, par la porte ? » demanda Elestra.

« Qui ? Non, il n’y avait personne ! » répondit Hypérion. La réaction de son amie, face à ses soupçons quant au monde virtuel d’EIEN, l’avait refroidi : si Je’An était… cette chose… comment croire ce qu’il m’a dit… ? Sa rencontre avec le monstre tentaculaire le faisait encore frémir, et l’odeur de charogne et de marécage lui prenait toujours la gorge.

Elestra, elle, était désormais persuadée qu’elle seule voyait et entendait Nanji.

« Pas bon pour ma santé mentale », remarqua-t-elle à demi-mots.

« Qu’as-tu dit ? » demanda Hypérion.

« Quoi ?… Non, rien, ne t’inquiète pas. Tu dois être exténué. Repose-toi, je vais dehors un moment, je t’envoie Angélus. »

En passant le pas de la porte, elle repensa à l’outil – le… comment, déjà ?… ah oui. Le minute-papillon. Elle devait le montrer à Hypérion. Voilà qui ancrait toute cette histoire dans la réalité. Un monde virtuel, non mais quelle idée ? Peut-être ferait-il le lien. Elle dit à Angélus de retourner surveiller Hypérion, lui raconta en deux mots qu’il était un ami de longue date et promit de raconter toute son histoire d’ici peu. Elle demanda à Nanji d’attendre dehors et alla chercher le minute-papillon dans la cabane. Puis elle retourna voir Hypérion avec l’outil :

« Regarde. Je sais que tu t’en souviens… mon père en avait un, comme ça. On l’avait trouvé ensemble, en jouant. Il y a un lien entre nous et cet endroit, j’en suis sûre… et ce lieu n’a rien de virtuel ! »

Elle laissa l’outil à un Hypérion confus et ressortit voir Nanji. Elle devait tirer au clair le pourquoi du comment il se faisait qu’elle seule pouvait voir et entendre l’étrange créature.

°°°

Nanji était assise sur un banc à l’extérieur, elle scrutait au loin.

Elle avait vu les Gardiens du Temps frapper à la porte d’autres maisons. Visiblement, ils recherchaient quelque chose… ou quelqu’un. Il restait peu de Temps. S’ils la trouvaient là, Eien sait ce qu’il adviendrait d’elle. Elle incanta une nouvelle fois le monosyllabe, avec une différence subtile – et elle le chercha. À ce moment-là, Elestra ressortit de la maison. Nanji, le visage grave, l’agrippa par le bras, lui mit la main sur la joue et incanta à nouveau le même monosyllabe modifié. Elestra sentit le monde tourner sous ses pieds…

°°°°

… et voyait.

Elle se voyait dans un monde qui ressemblait à celui qu’elle venait de quitter – mais qui n’était pas exactement le même. Les champs, la tour. Nanji était là aussi, quasiment transparente. Elestra se vit aussi translucide. Nous ne sommes pas vraiment là – quelle que soit la signification à donner à ce « là ».

Mais son regard fut attiré par autre chose.

Un combat à couteaux tirés, un affrontement entre une femme aux cheveux améthyste et un monstre hideux et répugnant.

°°°

Boru et l’être qui se faisait appeler Je’An combattaient depuis longtemps déjà.

Leurs forces étaient égales et aucun n’avait pour le moment l’avantage sur l’autre. La flèche décochée de Boru fut esquivée. En réponse, un coup de griffe allongée et Boru de faire une pirouette agile.

Elestra laissa échapper un cri, et les deux combattants s’arrêtèrent un instant.

« Comment ? » lâcha Boru. « Tu ne peux pas être ici, pas toi, ma f… »

L’être qui se faisait appeler Je’An avait vu l’ouverture, senti le doute – le Temps s’était figé et c’était là son moment. Sa griffe ressortit sanglante du ventre de la Diacre des Gardiens du Temps.

« Je viens ensuite pour toi, Nanji ! » cria-t-il, les tentacules frémissants.

Et le corps sans vie de Boru tomba à terre.

Simon Johnson

Photo : ©zlrikebohr570

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