La Geste d’Avant le Temps : épisode 51

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 51 : de Charybde en Scylla

L’être qui se faisait appeler Je’An allait et venait avec rage.

À ses pieds, le corps de la Diacre refroidissait. Ses griffes éclaboussées de sang griffaient la terre rougie. Le chant de Nanji lui résistait, l’empêchait de quitter le monde-reflet pour retourner sur Rizator-III. Espèce de… !

Il essaya encore une fois… c’était là, juste là, dans la suite des notes… une gamme ascendante ? Non, il avait déjà essayé. Descendante ? Non plus. Un arpège ? Non et encore non. Soudain, il s’arrêta – ça… c’est sûrement ça ! Il chanta.

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Il sentit tout de suite qu’il quittait le monde-reflet pour retourner dans sa dimension d’origine. Fermant les yeux de contentement, il s’autorisa à se pourlécher les babines, prêt à sortir ses crocs. L’instant d’après, une annonce désagréablement familière le fit grimacer :

« La S.I.P.S.T. informe ses aimables voyageurs intergalactiques que des réductions d’abonnement sont prévues pour les familles comptant plus de vingt-trois têtards. Les navettes en provenance de… »

La Gare ! La Gare, nom d’une horloge ! Il était revenu dans LA GARE – à son point de départ ! Il n’allait quand même pas détourner un train temporel pour atteindre Rizator-III, si ?

°°°

« Vous êtes sûr que c’est une bonne idée ? » demanda Hypérion, pas très rassuré. « Je veux dire… j’ai pas très envie de m’évanouir à nouveau… »

« Aucun risque », répondit Sexte d’un ton bourru. « Ce que tu as, c’est une allergie aux Mange-Temps : il faut te désensibiliser. Et le meilleur moyen, c’est d’ingérer cette poudre, tirée de leurs écailles. Ça ira mieux après et tu pourras t’approcher de… Nanji. Ça m’étonnerait que tu puisses la voir, par contre – sauf si elle quitte sa vraie apparence pour prendre l’aspect d’un animal, comme le font le plus souvent ces bestioles nuisibles… quand je pense que je vous aide à communiquer avec une Mange-Temps… ! »

Le garçon scrutait son verre, sceptique. C’était grisâtre, un peu grumeleux, liquide et ça puait.

« Heu… mais quand j’étais avec Je’An… je veux dire avec ce… cette chose, je n’avais aucun problème… Vous êtes sûr… »

« Bah, ça devait être une variété légèrement différente de Mange-Temps. S’il est aussi puissant que je le pense, il s’est sans doute arrangé pour ne pas t’affecter et ne pas avoir l’air suspect. Bois. »

« Mais… »

« Bois, Hypérion ! » ordonna Elestra.

Bon, il ne restait plus rien à dire. Il but. Burps.

Magali Bossi

Photo : ©owencarver

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