Les réverbères : arts vivants

L’Arbre-Monde nous embarque au Grütli

Avec l’arrivée d’Eric Devanthéry à la tête des Scènes du Grütli, c’est toute une nouvelle philosophie qui se développe. Sa première demi-saison s’intitule L’Arbre-Monde et vise à mettre en lumière les interdépendances et chaque individu comme faisant partie d’un tout. Un vaste projet qui a été présenté à l’occasion d’une promenade nocturne, du Galpon au Grütli.

Tout a donc commencé au Galpon, signe des excellentes relations entre les institutions culturelles genevoises. Après un accueil en forme de verrée offerte aux personnes présentes, Eric Devanthéry a proféré les remerciements d’usage et présenté en quelques mots son projet. Il a ensuite pris la tête d’un cortège dans lequel tout le monde portait un casque ou des écouteurs sur la tête. Durant la balade d’une quarantaine de minutes, les artistes de la saison, mais aussi les différent·e·s membres de l’équipe du Grütli se sont exprimés. Iels ont présenté leur projet, dans le désordre, ainsi que leur vision de ce que représente pour elles et eux l’Arbre-Monde. À grands renforts de citations et d’airs de Philipp Glass et d’autres compositeurs, la déambulation s’est faite en partant du Galpon, pour rejoindre la Jonction, l’éco-quartier qui y est lié, avant de traverser la plaine de Plainpalais et de rejoindre le Grütli. Le duo Sandro De Feo et Timothée Giddey nous a accueilli·e·s, en proposant un avant-goût de Dispersés, qui sera à voir du 19 au 21 mars 2025. Ils ont mis en musique des poèmes de Jack Kerouac, entre concert rock et douce ballade. Le tout s’est terminé dans la convivialité, en partageant une soupe à la courge au deuxième étage de la Maison des arts du Grütli.

Voyage au cœur de la nature

La promesse faite par Eric Devanthéry, en imaginant sa première demi-saison à la tête du Grütli, est de nous partager la nécessité du vivant. Les artistes ont leur rôle à jouer, raison pour laquelle cet Arbre-Monde vise à retrouver les racines et favoriser les liens entre tous les êtres vivants. À noter également que la Pépinière proposera durant cette demi-saison plusieurs reportages, sous la forme de rencontres avec les membres des équipes de certaines créations, pour plonger un peu plus loin dans ces projets. Mais passons sans plus attendre à un petit tour d’horizon des spectacles programmés, toujours dans le désordre, en suivant celui des flyers qui nous ont été distribués.

Parlant d’arbre et de liens, on ne pouvait faire mieux que de commencer par Choc : la friandise des Dieux, de Dominique Ziegler. Un thriller théâtral qui nous emmène aux quatre coins du globe pour comprendre les origines de nos tablettes de chocolat, depuis la récolte des fèves de cacao. Une histoire méconnue, sur fond de racisme, violence et oppression, pour nous mettre face à nos paradoxes et contradictions. À voir du 6 au 18 mais sur la Scène du Bas.

Les 3 février, 7 avril et 12 mai, la Cie les Arts improvisera Dans le décor de la pièce qui sera jouée à ce moment-là. Quatre personnes seront jetées dans un décor qu’elles ne connaissent pas, et improviseront une performance durant une heure. Autre spectacle évolutif, Gnocchi nous emmènera dans une cuisine pour la préparation d’un repas, alors que le fils de la cuisinière travaille sur un documentaire la mettant en scène. Une histoire de langues, de cultures et de cuisine à voir du 4 au 9 février, puis du 6 au 11 mai, puis du 2 au 7 juin, à Meyrin, Genève et Genthod, dans une jauge limitée !

Du 4 au 16 avril, on retrouvera la Cie Jerrycan et une distribution de 12 comédien·ne·s dans Fa(m)ille. De la famille à la faille, on questionnera la maison qui se vide petit à petit, au gré de l’évolution de chacun·e des membres. Une épopée musicale et chantée, pour tenter de retrouver les liens à partir de la faille. De la musique, il y en aura aussi dans Murer la peur, où les voix de sept femmes résonneront pour proposer une fresque pleine d’énergie, afin de nous dresser contre la peur. Un spectacle total à voir du 19 au 23 mars.

Lefki Papachrysostomou et Alice Zeniter nous parleront de leur côté d’une peur qu’on devrait toutes et tous avoir : que se passera-t-il Quand viendra la vague ? La montée des eaux est une réalité à laquelle nous devons nous préparer. Comment faire face aux crises à venir ? Un spectacle étonnamment plein d’humour, pour questionner notre futur, du 23 janvier au 8 février.

Du 8 au 15 juin, place à un spectacle Pop-Up, c’est-à-dire hors les murs. Le lieu sera dévoilé ultérieurement Dans Au bout de la laisse, à voir du 8 au 15 juin, on retrouvera une femme, un homme et un petit chien, avec cette question centrale : comment se laisse-t-on transformer et toucher, ou pas d’ailleurs, par la présence de l’autre ?

Avec le Collectif moitié moitié moitié, place à La grosse déprime. « La dette publique, c’est mal ! », alors pour y pallier, on prend des mesures qui ne plaisent pas beaucoup à la population. Mais au fond, la dette publique, c’est quoi ? Et pourquoi on déprime face à elle ? Il faudra se rendre au Grütli entre le 16 et le 30 mai pour obtenir des éléments de réponse.

Pour ouvrir la saison, du 9 au 19 janvier, le Grütli accueillera Thierry Romanens, dans un spectacle monté à l’aide d’Andrea Novicov et Stefano Massini. Avec Chapitres de la chute : saga des Lehmann Brothers, le comédien revient sur l’histoire de cette banque dont la faillite a été retentissante, après de nombreuses années à grandir, encore et encore. Un spectacle également musical et graphique, qui nous avait convaincu·e·s lors de son passage à l’Orangerie.

Du 19 au 21 février, dans le cadre du Festival Antigel, place à Smoke, une chorégraphie de Philippe Saire imaginée pour David Zagari. Un homme se retrouve enfermé dans un petit espace, confronté à une fumée qui paraît vivante. Un moment de poésie et de réflexion, tout en corporéité. Époustouflant. Les 8 et 9 mars, Rachel Gordy interprétera, en guise de reprise, Madame De, où une histoire de l’émancipation féminine à travers le vêtement.

D’autres collaborations sont encore à signaler, à commencer par Queer Crip becoming, un stand-up queer d’un artiste en fauteuil roulant, dans le cadre de C’est Déjà Demain 13, du 13 au 15 mars. Le 20 mai, avec Out of the Box, la Biennale des Arts inclusifs, on retrouvera Quasimodo aux miroirs, pour une réflexion féministe et queer autour de ce qu’on intime aux corps différents, ou dits sortant de la norme.

Pour être tout à fait complet, je me dois encore d’évoquer le Bureau des Compagnies, qui continuera à se tenir chaque semaine, sous la forme d’une permanence ouverte à toute personne active dans le domaine culturel. Un cours de théâtre sera également proposé tous les lundis de 19h à 21h, pour les 16-30 ans.

Il ne me reste donc plus qu’à souhaiter une belle première saison à Eric Devanthéry et son équipe. On se réjouit d’y être !

Fabien Imhof

La programmation complète et les détails de chaque spectacle seront à retrouver prochainement sur le site des Scènes du Grütli.

Illustrations : ©Studio Guez

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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