Le cinéma… comme vous ne l’avez jamais entendu !

Bien caché, dans l’aula du collège Claparède, se trouve un instrument de musique particulier. Il joue avec les sons et les effets spéciaux, pour donner vie aux films muets. Lui, c’est l’orgue de cinéma Wurlitzer ! À découvrir lors de la 6^e édition du festival L’orgue fait son cinéma ! du 22 au 30 mars 2019.

Mais au fait, un orgue de cinéma, c’est quoi ? Globalement, il ressemble à un orgue traditionnel. Toutefois, son grand choix de sonorités, souvent inspirées du jazz, doublées de percussion et de bruitages (de la vaisselle brisée aux sabots du cheval) lui donnent une fonction bien particulière. Sa mécanique ultra-précise lui permet ainsi de se suffire à lui-même et de remplacer tout un orchestre, lors de la projection de films muets par exemple. Pour ce faire, l’organiste a le choix : jouer avec une partition… ou improviser totalement pour créer différentes atmosphères et susciter diverses émotions !

Un peu d’histoire

L’orgue de cinéma du collège Claparède a une histoire palpitante. Il est né aux USA en 1937, dans les usines de la marque Wurlitzer, spécialisée dans la fabrication de pianos dès la fin du XIXe siècle et d’orgues de cinéma au début du XXe siècle. Après plus de quarante ans d’activité dans le Clapham Junction de Londres, une salle de 2’500 places,  il quitte la Tamise en 1980, acquis par l’État de Genève qui l’installe au Collège Claparède. Jusqu’à sa retraite, le directeur de cet établissement se démène pour faire connaître et entretenir cet instrument. Puis, en 2012, une association, « Les Amis de l’orgue de cinéma du Collège Claparède », est créée pour lui donner un nouveau souffle, notamment grâce au festival L’orgue fait son cinéma ! C’est l’occasion, chaque printemps, de découvrir un ensemble de films muets, animés à l’envi par des organistes du monde entier, pour faire chanter ce vénérable joyau.

Au programme ?

Cette année encore, la programmation de L’orgue fait son cinéma ! vous étonnera par sa diversité et sa qualité. Voici de quoi vous mettre l’eau à la bouche…

Le 22 mars, le très créatif et polyvalent Tobias Willi (professeur d’orgue et d’improvisation à la HEM de Zurich), ouvrira le bal. Il accompagnera un film de Frank Borzage, L’heure suprême, sorti en 1927.

Le lendemain, l’un des meilleurs organistes de cinéma anglais, Len Rawle, fera vibrer Claparède en récital et partagera la scène avec le jeune Guy-Baptiste Jaccottet, qui vient d’être nommé titulaire de l’orgue de cinéma du café-théâtre Barnabé de Servion. Jaccottet vous émerveillera dans un hilarant court-métrage, Une soirée de folie, tourné en 1925 par Leo McCarey.

Le 28 mars, Thierry Escaich, membre de l’Académie française des Beaux-Arts, compositeur et organiste de St-Etienne-du-Mont à Paris, vous éblouira de ses improvisations géniales sur un western de John Ford, Trois sublimes canailles (1926).

Changement de décor le 29 mars, avec l’Ensemble Vocal féminin Polhymnia : sous la direction de Franck Marcon et accompagnées par Vincent Thévenaz (titulaire de l’orgue de la Cathédrale Saint-Pierre, à Genève), les choristes parcourront Mendelssohn, Bartok ou Poulenc, pour mêler harmonieusement leurs voix aux registres de l’orgue. Le film Paris qui dort de René Clair (1923) est également à l’affiche sous les doigts de Vincent Thévenaz.

Le 30 mars, le festival s’achèvera par une séance intitulée « Les jeunes font leur cinéma », où Nicolas Hafner et les étudiant-e-s de la HEM de Genève acompagneront des courts-métrages pour toute la famille à 17h.  suivie, à 20h. d’une soirée grandiose avec l’organiste Richard Hills à l’humour très raffiné et à l’imagination débordante.

À ne pas manquer !

Magali Bossi

Infos pratiques :

Festival L’orgue fait son cinéma, du 22 au 30 mars 2019

Aula du collège Claparède, ch. de Fossard 61, 1231 Conches

022 388 22 02 et www.orguedecinema.ch

Photos : ©Martine Hahn