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L’écriture qui pousse #1 : L’explorateur

Bienvenue dans L’écriture qui pousse ! Aujourd’hui, vous allez découvrir un des textes produits dans le cadre de nos défis littéraires. Le défi du mois de septembre 2020 portait le titre suivant « Du début à la fin ». L’idée ? Choisir une phrase d’introduction et une phrase de clôture, parmi une liste imposée… et créer entre les deux une histoire brève inédite. Les phrases du jour sont tirées respectivement de L’exploration de l’époque égarée (M. Proufffst) et des Illuminations (A. Rimbaud).

À cette occasion, Jenna Weber vous propose une fuite palpitante… pour sauver votre vie !

* * *

L’explorateur

Je hais les voyages et les explorateurs.

Après de multiples voyages, ma copine et moi avions décidé de vivre dans une roulotte, petite, mais assez grande pour nous deux. Un soir, nous étions assises sur des chaises, à observer le coucher de soleil. Elle se pencha vers moi pour m’embrasser et je fis une grimace en ayant le goût de tabac dans ma bouche. Ma tête la fit rire et elle éteignit sa cigarette. Elle se leva et entra dans la roulotte ; je ne tardai pas à la rejoindre. Quand j’entrai, elle faisait la vaisselle ; je souris en la regardant faire avec tant de concentration. J’allumai la radio et m’approchai, la serrant par la taille sans rien dire et posant ma tête sur son épaule. Elle continua sans rien dire, mais je savais que pour elle, cela voulait dire beaucoup. Je ne sais pas combien de temps nous restâmes ainsi ; je me sentais bien, dans ma bulle.

Soudain, de violents coups à la porte nous fîmes sursauter. Lema se redressa et me regarda, de la peur dans les yeux. Elle me fit signe de me taire. Elle s’approcha de la porte et l’ouvrit.

Un homme vêtu de beige avec un chapeau était devant la porte.

Je vis tout de suite vu son arme. Il pointa un pistolet sur Lema. Elle se tourna vers moi, paniquée, et me cria :

– La fenêtre ! Passe par la fenêtre !

– Mais… et toi ? Qu’est ce que tu vas faire ?

– Ne t’inquiète pas ! Pars, cours et ne te retourne pas !

Je me précipitai vers la fenêtre à contrecœur, car j’étais sûre qu’en me voyant fuir l’homme me tirerait dessus… à ma plus grande surprise, ce ne fut pas le cas : il avait l’air d’en vouloir seulement à Lema.

Je passai donc par la fenêtre et, une fois dehors, courus, courus et courus encore. Brusquement, un coup de feu retentit. Il résonna dans ma tête. Je m’arrêtai de courir un instant. Tout s’écroulait autour de moi. Je pensai à Lema, qui était là-bas… je ne savais même pas si elle était blessée ! Je voulus y retourner, mais j’entendis les pneus d’une voiture crisser. Je me cachai alors derrière un arbre, attendant qu’il n’y ait plus de bruits.

Après un moment de calme, je courus  de nouveau vers la roulotte. J’entrai, complètement essoufflée… personne. J’étais seule, à bout de souffle, et plus aucune trace de l’homme ou de Lema. Je m’assis un instant, pour rassembler mes idées.  Je regardai autour de moi pour voir si je pouvais trouver quelque chose – un indice. Je pensais abandonner… quand un petit carnet attira mon attention. Quelques notes étaient inscrites à l’intérieur, que je déchiffrai. Il y était décrit un voyage en Thaïlande. Je ne fis pas tout de suite  le rapprochement… avant de voir une photo qui m’intrigua.

Sur la photo se trouvaient Lema, avec l’homme en question. Je rappelai du voyage qu’elle avait fait et dont elle m’avait parlé, il y avait longtemps. C’était bien en Thaïlande… un bruit de moteur m’arracha de mes pensées. Je me levai d’un bond.

C’était Lema.

Mon esprit arrêta de fonctionner un instant… puis je me précipitai dans ses bras. Elle ne dit rien dit, mais avait les larmes aux yeux. Je la pris par le bras pour la faire rentrer. Elle tomba d’un coup à terre. Sa jambe… elle était blessée, et salement. Je l’aidai à se relever et l’amenai s’asseoir dans la roulotte. Je soignai sa blessure – moins grave que ça en avait l’air, heureusement. Puis vint le moment des explications.

Lema s’excusait, sans s’arrêter. Cet homme – c’était un explorateur qu’elle s’était mise à dos lors de son voyage en Thaïlande. Comment, elle ne me le dit pas vraiment, mais ça avait l’air louche. Maintenant, assurait-elle, elle avait tout réglé. Il ne reviendrait plus. Elle me regarda, les yeux pleins de larmes. Je lui souris et pris sa main.

Au fond, si on pouvait continuer notre vie comme avant, je ne voyais pas pourquoi je lui aurais posé des questions sur cet explorateur. Elle me sourit en retour et posa lentement ses lèvres sur les miennes, avant de laisser aller sa tête sur mon épaule.

Je la regardai à nouveau et je lui tendis le pot à tabac.

Jenna Weber

Retrouvez tous les textes publiés dans le cadre
de nos défis « l’écriture qui pousse »
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Photo : Free-Photos

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