L’écriture qui pousse #4 : Abécédaire du cadeau parfait
Bienvenue dans L’écriture qui pousse ! Aujourd’hui, vous allez découvrir un des textes produits dans le cadre de nos défis littéraires. Le défi du mois de décembre 2021 portait le titre suivant : « Abécédaire du cadeau parfait ». L’idée ? Créer une liste PARFAITE pour le Père Noël… au gré de ses envies et de ses besoins.
Aujourd’hui, nous retrouvons un défi qui vous avait beaucoup inspiré·e·s l’an passé : l’Abécédaire du cadeau parfait. Maicol Neves Leal vous propose de plonger dans le sien… de quoi prolonger un peu l’esprit de la fin de l’année. Bonne lecture !
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Abécédaire de Noël
Pour ce Noël aussi banal que tous les autres, je te renvoie la même liste secrète que je t’envoie depuis vingt-deux ans. Si tu pouvais arrêter de me snober, je pourrais peut-être faire un peu de prosélytisme auprès de ceux qui disent que tu n’existes pas.
Je souhaiterais :
- Avoir la force de ne pas renoncer.
- Battre la mesure face à une symphonie, la symphonie du nouveau monde de Dvorak, si possible.
- Conspuer la bêtise humaine sans pour autant oublier que je suis certainement trop bête pour comprendre que c’est certainement moi qui suis en tort.
- Disserter à propos de cette sentence du célèbre antisémite Céline : « L’amour c’est l’infini mis à la portée des caniches. »
- Écouter encore deux ou trois cents fois le Raindrop Prélude Op. 28 No. 15 de Chopin.
- Faire des efforts, mais pas trop.
- Guerroyer pour ce qui me semble important, parce que ça l’est.
- Haïr un peu moins les gens qui vous donnent des leçons alors qu’ils ne savent pas de quoi ils parlent. Mais vraiment qu’un tout petit peu moins.
- Illuminer la journée d’un malheureux, en commençant par la mienne.
- Jeter ce « gros meuble à tiroirs encombrés de bilans, / De vers, de billets doux, de procès, de romances. »
- Kidnapper deux ou trois moines bouddhistes et les forcer à avouer qu’au fond, la vie c’est de la merde.
- Louer les talents d’un ami peintre, non pas parce que je m’y connais en peinture, seulement parce que c’est mon ami.
- Marmonner dans ma barbe une idée loufoque, en plein milieu d’un dîner de famille, juste pour me donner l’illusion de ne pas être comme les autres.
- Nier l’existence de Dieu avec autant de ferveur que ceux qui nient l’existence du Père Noël.
- Ouïr quelques airs Wagnériens dans le creux de mon inconscient, lorsque je traverse le parc des Bastions, en pleine tempête de neige si possible.
- Protéger ceux que j’aime. Enfin, celle que j’aime, Tyta, ma chienne.
- Questionner le monde par la pratique assidue de la philosophie, tout en acceptant que je puisse échanger qu’avec une poignée d’individus intéressants.
- Rester un peu moins chez moi.
- Susciter l’indignation chez ceux qui m’indignent.
- Tuer le père. Métaphoriquement, entendons-nous bien.
- Unir mes forces, avec celles d’autres personnes, si possible.
- Vouloir toujours moins. L’essentiel.
- Warranter ma bibliothèque pour ne garder que les livres.
- X, organiser une collecte de films X et en faire don à une association d’aveugles.
- Yodeler, dans les alpages suisses et non dans ma cave.
- Zigzaguer comme mon oncle alcoolique en fin de soirée, pour éviter ses proches et leurs reproches.
Maicol Neves Leal
Retrouvez tous les textes publiés dans le cadre
de nos défis « l’écriture qui pousse » ICI !
Photo : © lordgeorgekornelius