Moins de mots, plus d’images
« L’espace vital est minuscule et nous devons le partager avec nos ordinateurs, nos systèmes de communication, nos bonbonnes d’oxygène pour ne pas mourir asphyxiés en haute altitude, des habits chauds parce que la température peut descendre à –20o degrés Celsius, de la nourriture pour quatre jours, des sacs de couchage et des sacoches de sable pour piloter l’engin. » (p. 99)
Des conditions de vie spartiates pour pouvoir prendre des photos de la Suisse, c’est ce que Laurent Sciboz et Nicolas Tièche se sont donné comme défis. La Suisse vue du ciel est un magnifique livre de photographies, qui, comme son titre l’indique, ont été prises en plongée, depuis un ballon à gaz, parfois en ne surplombant l’objet que de quelques mètres, parfois depuis une vue aérienne plus éloignée.
Si chacune des photographies est époustouflante, la particularité de ce recueil tient aussi à la diversité des objets photographiés. Les clichés de la nature sont certes foisonnants, comme ceux de rivières et de montagnes embrumées, mais l’on retrouve également des éléments marqués par l’empreinte de l’Homme, tels une piste de décollage d’hélicoptère ou encore un dépôt de cylindres en béton grisâtre.
Le court texte qui suit les photographies interroge le lien entre l’Homme, le voyage et le ballon à gaz. Toutes les photographies ont en effet été prises pendant les nombreuses heures de vol de Laurent Sciboz et Nicolas Tièche. Ainsi, sur plusieurs d’entre elles, il est possible d’apercevoir soit l’ombre du ballon, soit le ballon à gaz lui-même.
L’originalité du livre réside dans la variété des sujets photographiés, qui n’ont pas tous été choisis pour leur esthétisme (que vient faire un parking vide entre les paysages enneigés ?). Ce choix de présenter la Suisse pour ce qu’elle est et non pas pour ce qu’elle symbolise dans l’imaginaire collectif, rend l’ouvrage aussi singulier que surprenant. Si le texte constitue un ajout précieux et captivant, sa place quasi finale laisse aux photographies le premier rôle. On peut toutefois, regretter le peu d’informations sur les paysages photographiés : les curieux risquent de rester sur leur faim.
Maor Ohana
Références :
Laurent Sciboz, La Suisse vue du ciel, Sept, 2022, 141 pp.
Photo : © Sept Editions