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Mondes imaginaires : Le Genre

L’association Mondes Imaginaires, fondée en 2019, regroupe trois anciennes étudiantes en Lettres qui, au terme de leurs études, sont arrivées à une constatation : bien souvent (trop souvent), les littératures de l’imaginaire sont décriées et dévalorisées. Pourtant, l’histoire se construit sur un imaginaire, une conscience collective, et une transmission des mythes dits fondateurs. 

Mondes Imaginaires propose donc des ateliers participatifs et créatifs aux enfants comme aux adultes, afin que les univers fictifs viennent nourrir le quotidien. User du pas de côté qu’offrent des moments de créativité permet d’enrichir la réflexion à travers des points de vue différents et des concepts innovants. Tous les mois, Mondes Imaginaires propose un atelier d’écriture créative sur un thème différent. Ensemble, nous explorons diverses facettes de l’écriture et de l’imaginaire. Le but est avant tout d’oser écrire, dans un climat de bienveillance, tout en acquérant de la confiance en soi. Chaque thématique est présentée grâce à des ouvrages qui servent de référence (en science-fiction, fantasy ou fantastique), parfois avec un ancrage historique – ce qui permet de stimuler l’imaginaire. Les participant·e·s peuvent, s’iels le souhaitent, intégrer des éléments proposés par les animatrices dans leurs écrits. L’atelier se clôt par un partage volontaire des créations. Un seul mot d’ordre : imaginer !

Les textes que vous découvrirez au sein de cette rubrique sont tous issus de ces ateliers. Aujourd’hui, c’est un texte de David Weber que nous vous proposons. L’atelier dont il est issu était un peu particulier, puisqu’il était organisé en partenariat avec Valérie Vuille, de l’association DécadréE (dont nous vous reparlerons dans un avenir proche !). Ensemble, les participant·e·s ont échangé avec bienveillance autour la licorne du genre – une créature fascinante dont iels ont pu tester en ligne les différentes potentialités, avant de créer leur propre texte sur le sujet. Si vous souhaitez créer votre propre licorne du genre, c’est par iciBonne lecture !

* * *

Le Genre

Deux hommes sont assis l’un en face de l’autre. Le premier, que nous appellerons A, parle au second que nous appellerons B.

  • Tu as entendu parler de cette histoire de genre entre les êtres humains, toi ? dit A.
  • Oui, bien sûr, répond B.
  • Et alors qu’est-ce que tu en penses ?

B passe sa main de façon pensive contre son menton.

  • C’est très compliqué, comme question, je ne me suis jamais franchement posé la question.
  • La réponse est pourtant assez simple, rétorque A.
  • Tu crois ?
  • Ben, il suffit de regarder ce que tu as entre les jambes : est-ce de la viande ou un fruit de mer ?
  • Pourquoi tu me parle de bouffe ? lui demande B.
  • Mais tu le fais exprès ! Quand je parle de viande, je fais référence à une saucisse… et quand je parle de fruit de mer, je fais référence à une moule.
  • Ah… mais tu crois que c’est si simple ?!
  • Ben… quand tu vas au WC, tu vas chez les hommes ou chez les femmes ?
  • C’est vrai… je n’y ai jamais vraiment fait attention.

B reste dubitatif. Les deux se regardent un moment sans dire un mot, réfléchissant aux choses qui faisaient la différence entre hommes et / ou femmes.

  • Et tu as entendu ce nouveau pronom ? demande soudain B.
  • Ah… tu parles de ce pronom qui ne veut absolument rien dire, lui rétorque A
  • Je ne sais pas. Je pense que c’est une bonne chose que les personnes concernées montre leur indépendance. Après, est-ce vraiment une raison de nous enlever à nous le genre ? lui répond B.
  • De quoi tu parles ? lui demande A.
  • Eh bien, en plus du « iel », il y aussi le « Mademoiselle » que certaines personnes ont fait enlever pour ne plus catégoriser les gens dans un certain genre… et maintenant c’est le « Madame » et le « Monsieur » qu’on veut supprimer.
  • Oui, enfin, c’est juste dans un canton, pour le moment, lui rétorque A.
  • Arrête ! En Valais, on veut faire changer les noms des enfants qui auraient un prénom non définissable…
  • Je sais, mais le pire, c’est que les attributs homme ou femme ne sont même pas clairs dans leur tête.
  • De quoi tu parles ? demande B.
  • Hé bien… penses par exemple aux Amérindiens qui avaient les cheveux longs – et pourtant, certains étaient des hommes. Ou à la couleur violette qui était une couleur portée par les hommes… et à l’époque de Molière, les hommes portaient des chaussures à talonnettes ! Ça bouge tout le temps.
  • Je sais bien, lui répond B, dubitatif. C’est vraiment une question complexe.
  • Pour finir, je te donne raison.
  • Si seulement c’était plus simple… dit B en poussant un soupir de perplexité.
  • Je ne sais pas… comme dit la chanson de Merlin l’Enchanteur dans le dessin animé éponyme de Walt Disney : « Il faut de tout pour faire un monde » !
  • C’est vrai, tu n’as pas tort. Il serait bien terne, notre monde, sans toute sa palette de couleurs, acquiesce B.
  • Le seul problème que je vois, c’est qu’on veut changer notre monde. Sans pour autant nous demander si nous, on est d’accord de le changer.
  • Bon, sur ces bonnes parles, je te laisse Bernardette.
  • Oui, à la semaine prochaine même heure, Andréa.

Et les deux ami-e-x quittent le café et reprennent chacun-e-x le parcours de leur vie – enfin jusqu’à la semaine prochaine.

David Weber

Photo : © fantasticpicture

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