Ô Public, ton avis !

Fruit d’une heureuse collaboration entre le Théâtre du Loup, L’Abri et la Fête du Théâtre, la soirée Programmateur·ices d’un soir, bonsoir ! avait lieu le 8 octobre à L’Abri – Madeleine. Retour sur une soirée où la masse jubilait, face aux idées éclairées et innovantes de jeunes artistes.

L’arène de l’Abri ce soir-là.

Impatience, joyeuse insolence ; coups de maître, Suisse champêtre, création, nouvelle génération ; victoire, pièce à revoir… Quand l’on campe le portrait de cette soirée du 8 octobre à l’Abri, c’est toute une myriade de termes qui viennent s’entrechoquer. Tou·te·s – artistes, jury et public – sentent l’adrénaline grimper en flèche ! Comme des mini-joutes (sympathiques et qui n’ont rien à voir avec celle de Chevalier de Brian Helgeland – qu’on se le dise !), les différent·e·s artistes présent·e·s dans la salle, montent sur scène et ont 5 minutes pour convaincre le jury professionnel de les élire en fin de partie. L’enjeu ? Les artistes choisis seront présentés au printemps prochain au Théâtre du Loup dans le cadre du festival C’est déjà demain.11. Le public, lui aussi, fait partie du game. À lui de décerner Le Prix du Public.

…Simple ? Loin de là.

Les artistes, tapis dans l’ombre du public, sortent en effet tout à coup de leur tanière, revêtent leur rôle et présentent in medias res leurs nouvelles créations scéniques, de façon brève et très engagée, puisqu’il faudra donner envie au jury et ce, très rapidement ! Donner envie, ce sera… laisser entrevoir l’horizon de la pièce, qu’il soit acrobatique, théorique, dansé. Les propositions fusent et c’est jubilatoire de voir l’étendue des possibilités en si peu de temps. On parle de comment-dire-que-l’on-veut-être-comédien en Valais entre deux vendanges, des lieux déserts à la Chaux-de-Fonds, de deuil refusé, d’adolescence en floraison, de l’univers si particulier des médecins, de faire la plante verte sur scène ou de devenir célèbre au moins une fois comme cycliste presque pro… et j’en passe.

Le public a, lui aussi, une mission à ne pas perdre de vue. Pour allouer son prix à l’une des troupes, en guise de reconnaissance d’un travail particulièrement motivant, qui saurait nous faire oublier tous les tracas agitant les cervelles humaines… il faut une attention hors-pair, 21 x 5 minutes. Puisque 21 troupes, ensemble ou en solo, avec des titres de pièces quelques fois énigmatiques (comme on a alors envie d’en comprendre l’origine, en 5 minutes également !) a comme objectif d’être l’élue de la soirée. Il faut donc retenir les propositions, ne pas uniquement suivre les copains/les copines, se laisser surprendre puis trancher, décider rapidement !

On en redemande des soirées comme celles-ci. Même dans une plus grande salle pour accueillir tout·e·s les curieux·ses ! L’étonnement et le désir qu’une pièce se constitue alors qu’elle s’arrête déjà si vite ne sont-ils pas finalement ce qui nous guide depuis tout petit jusqu’à très vieux ? Un désir de fiction, d’entrer dans un nouveau monde, avec une nouvelle peau, le temps d’un instant.

Nous verrons donc, avec plaisir, à la fin avril RC de Jérémie Nicolet, Les Aventures de Peer de Quentin Teixeira, Qu’elle en soit ainsi d’Emilie Cavalieri, Deux Carson de la Cie Avalan (Lou Golaz, Alix Henzelin et Eliot Sidler, déjà vus par ici au Théâtre de l’Etincelle) et Schönheit wird bezahlt de Jean-Marie Fahy.

Le public, quant à lui, s’est tourné vers La Maison d’en haut du Collectif BESILI TRAFIC (Jérôme Castin, Florentin Crouzet-Nico, Merlin Delens, Gilles Escoyez, Gaspar Narby, Laurie Perissutti, Luna Schmid et Sophie Schmid). Nous les guignons de loin et attendons qu’ils se re-présentent sur scène !

Laure-Elie Hoegen

Pour la suite…

Le site de la fête du théâtre et du festival C’est déjà demain.11

Photo : © Théâtre du Loup