Pastiche : La petite fille sur la balançoire
Depuis plusieurs années, le Département de langue et littérature françaises modernes de l’Université de Genève propose à ses étudiantes et étudiants un Atelier d’écriture, à suivre dans le cadre du cursus d’études. Le but ? Explorer des facettes de l’écrit en dehors des sentiers battus du monde académique : entre exercices imposés et créations libres, il s’agit de fourbir sa plume et de trouver sa propre voie, son propre style !
La Pépinière vous propre un florilège de ces textes, qui témoignent d’une vitalité créatrice hors du commun. Qu’on se le dise : les autrices et auteurs ont des choses à raconter… souvent là où on ne les attend pas !
Aujourd’hui, c’est Lola Besson qui prend la plume. Elle nous invite dans un pastiche… à vous de découvrir l’auteur ou l’autrice d’origine ! Bonne lecture !
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La petite fille sur la balançoire
C’est un après-midi d’été. Il fait chaud, pas un nuage à l’horizon. La petite fille, qui profite très souvent de son jardin, aime faire de la balançoire. C’est une balançoire simple, plate, en bois ou plastique. Je sais plus, mais peu importe. Parfois, la petite fille se balance assise et parfois elle se met à plat ventre dessus et pousse fort contre le sol avec ses jambes. Elle préfère la deuxième version. Elle se sent libre en se poussant seule, comme elle veut, le plus fort et le plus haut possible. Quand les branches de l’arbre tremblent, c’est qu’elle pousse assez fort. La mère n’apprécie pas la deuxième version et le fait souvent savoir à la petite fille. Mais la petite fille répond qu’elle s’en fout de ce qu’elle apprécie ou pas. Elle s’envole à plat ventre, c’est sa volonté. La mère ne pouvait pas le lui interdire, c’était mon plaisir, j’aimais me balancer au soleil. La petite n’a pas été suffisamment prudente. Elle aurait dû se satisfaire de la première version, mais j’étais casse-cou. Têtue parfois aussi. Cet après-midi-là, la petite a été propulsée en avant. Loin. Je me souviens que je me balançais fort et vite. Après, c’est flou, je me suis évanouie. La pauvre petite a eu mal à la tête. La pauvre petite a été emmenée à l’hôpital. Elle a eu une commotion cérébrale. La mère a eu peur. La petite aussi, mais elle s’en fout que la mère ait eu peur. Les sentiments et les paroles de la mère ne l’atteignent pas. Après ma chute, d’autres choses me préoccupaient. J’avais mal à la tête et les mots commotion cérébrale ne faisaient pas du bien aux oreilles. Je me suis dit que la prochaine fois je pousserai un peu moins fort sur mes jambes. Mais je continuerai à faire de la balançoire, car j’aime ça, comme j’aime désobéir à la mère ; transgresser les règles, c’est plus fort que moi. La mère a trop d’emprise sur moi et ça je ne peux pas le supporter. Alors je fais le contraire de ce qu’elle m’impose. S’il fallait refaire cette chute, je le ferais. Tout ça juste pour jouer avec les nerfs de la mère.
Lola Besson
Photo : © 2023852