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Salut, Roby !

Les gens s’en vont, la musique reste. Voilà ce que peuvent dire les ami.e.s musicien.ne.s de Roby Seidel, compositeur et arrangeur bien connu dans le milieu du jazz genevois, disparu début 2014. Un dimanche d’août les a réunis autour d’un piano, dans la petite cour de l’Écomusée de l’Association pour le Patrimoine Industriel, à la rue du Vuache…

Roby Seidel est né en 1942, dans une famille de musiciens. Multi-instrumentiste et mordu de jazz, il a connu une longue carrière, à l’aise tant dans la variété, le rock ou la samba que dans la musique folklorique. De lui, on retient sa générosité et son humour (il adorait, par exemple, parsemer les discussions de contrepèteries, parfois très complexes !), sa patience et sa pédagogie – mais également l’exigence dont il faisait preuve en musique. « Il n’y a pas de mauvaise musique », expliquait-il, « il n’y a que de la musique mal jouée. » Qu’on se le dise !

Un musicien en or

Tout petit, Roby s’est frotté au violon, avant de s’orienter vers le cornet à pistons. C’est finalement le saxophone qu’il choisit d’étudier au Conservatoire de Genève. Jusqu’en 1975, il gagne sa vie comme instituteur… mais son entrée dans le Groupe Instrumental Romand, mis sur pied par la Radio Suisse Romande, va tout changer : enfin, il peut vivre de son art en tant qu’artiste indépendant ! C’est le début d’une carrière de longue haleine, entre la Suisse et l’étranger. Il s’illustre dans les nombreux big bands de jazz qu’il dirige, dans des projets de composition exigeants (par exemple, une participation à l’Eurovision). Touche-à-tout, il s’occupe des arrangements musicaux de nombreux spectacles et productions artistiques, à l’instar de ceux de Marie-Thérèse Porchet, de La Revue du Casino Théâtre ou des Coups cœur d’Alain Morisod. On ne l’arrête plus !

À l’écoute des autres, respectueux des projets mêmes les plus modestes, il n’hésite pas à apporter son aide aux artistes qui le sollicitent. Avant son décès, début 2014, il travaille d’arrache-pied pour achever les travaux qui lui restent à mener à bien. Aujourd’hui, celles et ceux qui parlent de lui ont le sourire en évoquant son nom.

Six ans après…

Voilà six ans que Roby Seidel a tiré sa révérence… mais son œuvre, elle, vit toujours. C’est ce que rappelle cet hommage convivial, organisé un joli dimanche d’août dans la cour de l’Écomusée de l’Association pour le Patrimoine Industriel (API). L’API est un de ces lieux improbables dont les recoins de Genève ont le secret, et qui se niche à l’arrière du Collège Voltaire. Fondée en 1979, l’association « a pour but la sauvegarde et la mise en valeur du patrimoine industriel régional »[1] ; à ce titre, elle organise régulièrement des expositions centrées autour d’un ou plusieurs objets industriels, mais également des lectures, des concerts et divers ateliers (reliure, sérigraphie ou encore impression). Proche des artistes de la place, l’API a reçu un don un peu particulier de la part de la veuve de Roby Seidel, Odile : le piano du musicien ! Une jolie manière d’offrir une seconde vie à l’instrument et de peupler le lieu de notes, au fil des rencontres.

Voilà de quoi organiser une petite rencontre conviviale, pour permettre au piano de se dégourdir un peu les touches dans sa nouvelle demeure. Duo jazz (Ben Tribe & Paolo Di Resta), improvisations, anecdotes personnelles évoquées en toute simplicité – le souvenir de Roby flottait partout. Cette rencontre a également été l’occasion de lancer officiellement un projet très spécial : la création d’un fonds Roby Seidel, consacré à la promotion des jeunes compositeur.trice.s et arrangeur.euse.s de big band. L’idée ? Primer les œuvres de jeunes artistes et jouer leurs œuvres en public. Le projet est encore à étoffer, mais promet d’être passionnant ! Et, pour les amateurs de jazz, la Bibliothèque musicale du Grütli dispose de près d’un millier d’arrangements signés Roby Seidel : ils n’attendent que vous pour vivre à nouveau !

Roby est parti, mais sa musique n’a pas fini de résonner !

Magali Bossi

Infos pratiques :

Retrouvez l’hommage fait à Roby Seidel à l’occasion de sa disparition, par la RTS.
Retrouvez plus d’information sur l’API sur le site internet de l’association.

Photo : ©Magali Bossi

[1] https://www.patrimoineindustriel.ch/about/.

Magali Bossi

Magali Bossi est née à la fin du millénaire passé - ce qui fait déjà un bout de temps. Elle aime le thé aux épices et les orages, déteste les endives et a une passion pour les petits bols japonais. Elle partage son temps entre une thèse de doctorat, un accordéon, un livre et beaucoup, beaucoup d’écriture.

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