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Une fin et un renouveau

« On ne peut jamais dire assez, parce qu’on n’a jamais fini de parler à quelqu’un qu’on aime autant. On ne peut jamais regarder l’autre assez, parce qu’on n’est jamais rassasié de son visage. » (p. 311)

La Révérence de l’éléphant de Laura Trompette se présente comme un roman d’apprentissage singulier : celui de la fin d’une vie et du milieu d’une autre. Le roman s’ouvre sur trois perspectives différentes autour desquelles se construira l’intrigue : celle d’Emmanuel Vernier, celle de sa grand-mère, Marguerite Vernier et enfin celle de Roxanne, souffrant d’une insomnie lors d’un voyage au Pérou.

Après un bref prologue introduisant la perspective des trois protagonistes du récit, celui-ci revient à Marguerite, âgée de quatre-vingt-neuf ans et atteinte d’un cancer qu’elle refuse de soigner. Elle accepte la fin de sa vie, qu’elle juge avoir été longue et marquée par un deuil inguérissable, mais aussi par l’amour qu’elle a porté à son unique petit-fils. Si la rencontre entre Marguerite et Roxanne bouleverse leur quotidien, une amitié unique et tendre en naîtra. C’est en effet grâce aux liaisons et à l’empathie que ces personnages réapprennent à vivre et font la paix avec l’existence. Laura Trompette entraîne ainsi ses personnages vers une connaissance de soi à travers la découverte d’autrui.

Le récit suit l’amitié grandissante entre deux femmes aux caractères et aux vies opposées, ce qui n’empêchera pourtant pas l’émergence d’une relation semblable à celle d’une mère et d’une fille. De telle sorte que Roxanne s’efforcera de réaliser l’ultime rêve de Marguerite… Ce roman empli d’amour et d’espoir ne manquera pas d’émouvoir même le plus stoïque des lecteurs, et éveillera sa sensibilité au sujet d’expériences très largement partagées : la peur de la mort et le déchirement de la fin de vie.

La Révérence de l’éléphant met soigneusement en scène l’achèvement d’une vie, mais aussi l’élan d’une autre qui recommence. « Mourir au cœur de la vie, avec délicatesse. Éteindre la douleur au moment opportun… » : c’est d’une telle douceur que l’auteure souhaite à son tour envelopper son lecteur.

Loveday Vyvyan-Robinson

Références :

Laura Trompette, La Révérence de l’éléphant, Charleston, 2021, 480p.

Photo : © Loveday Vyvyan-Robinson

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