Les réverbères : arts vivants

Une saison en forme de « Point d’interrogation » au Galpon

Vendredi dernier, au cours d’un moment convivial au bord de l’eau, le Galpon a dévoilé la programmation de saison 2021-2022. Intitulée « Point d’interrogation », elle fait un joli clin d’œil à l’actualité brûlante, comme les saisons précédentes. Un programme qui s’annonce riche et engagé.

De l’engagement, il y en avait dès le début. Après le traditionnel apéritif d’accueil, Nathalie Tacchella, co-directrice du Galpon, a pris la parole pour lire une lettre signée par son théâtre, ainsi que par ceux du Grütli et du Loup. Les institutions concernées y prennent position contre la mise en application du pass Covid pour les lieux de culture, rappelant qu’ils sont des endroits sûrs où aucun cas n’a été détecté jusqu’ici et où toutes les consignes ont toujours été scrupuleusement appliquées. Elles en appellent ainsi, comme cela a été fait majoritairement depuis le début de la crise, à la responsabilité individuelle.

La « minute commerciale » a suivi, avec un peu plus de légèreté. Cette année, vous pourrez acheter un « Pass Galpon », une carte pour venir à deux au théâtre. Vous pourrez choisir de prendre 2, 4, 6, etc. billets, afin de ne jamais être seul. Car le théâtre, c’est avant tout le partage ! Parlant de partage, un billet à tarif plein au Galpon vous donne droit à une réduction de dans de nombreux autres lieux culturels, et inversement. Une jolie manière de faire circuler la culture (ou de la jardiner, selon les préceptes de la Pépinière !) et de découvrir de nouveaux horizons.

Cette année encore, le Galpon proposera plusieurs ateliers : découverte de la danse en novembre, ou du théâtre en janvier-février, ainsi qu’un atelier hebdomadaire de théâtre, dès le mois de novembre. Plusieurs publications ont également été créées l’an dernier, et elles sont en vente directement au théâtre ! À lire absolument…

Une saison « Point d’interrogation »

Au vu de tous les questionnements actuels sur les mesures à appliquer ces prochains temps, et après les moments compliqués de la saison dernière, quel meilleur titre que « Point d’interrogation » pour cette nouvelle saison ? Les artistes se sont succédé·e·s, avec trois minutes chacun·e pour présenter leur création.

L’ouverture de saison s’annonce intrigante, avec le collectif Boxing Piano et ses treize instruments, pour un festival « Cataclysme Piano ». En guise d’explication, les membres du collectif sont simplement passés avec trois pianos, pour les amener dans la salle de théâtre, sans rien dire de plus. Une manière efficace d’attiser la curiosité du public !

Du 14 septembre au 28 novembre, le Studio d’action théâtrale du Galpon fêtera son 35ème anniversaire. En guise de cadeau, Gabriel Alvarez, co-directeur du Théâtre, proposera des Olympiades théâtrales, basées sur les recherches effectuées autour de la choralité ces cinq dernières années. Les six spectacles au programme se présenteront ainsi comme des réflexions sur la lecture de tragédies grecques aujourd’hui. On y retrouvera ainsi Clytemnestre, Cassandre hallucinée, Moins de marbre de que béton, Tu n’obéiras point !  d’après le mythe d’Antigone, Une nuit de folie ordinaire d’après Les bacchantes et enfin Horrendous Banquet. Parlant de banquet, le Galpon en proposera un le 2 octobre, pour fêter les dix ans du théâtre à la route des Péniches. Les 16 et 17 octobre se tiendra également une première session de débats, en guise de premier temps fort de la saison (les suivants restant encore à définir), autour de la thématique « Colère et fureur au temps du Covid ». Prometteur, non ?

Au mois de décembre, nous retrouverons d’abord O : Viva !, une création danse d’Olivia Ortega, comme une ode à la vie, dans laquelle elle s’inspire du conte chamanique de la Femme squelette, une histoire de renaissance et d’amour. Place ensuite, pour conclure l’année, aux Recherches_Okana-21 de Padrut Tacchella, qui travaille sur la rencontre entre une marionnette et une danseuse depuis de nombreuses années, et proposera de suivre une marionnette devenue automate, mais qui conserve une certaine intervention humaine.

En janvier, il sera question de générations ! Dans Genetrix, un groupe de quatre chorégraphes se questionnera, dans un espace multimédia, sur le corps comme étant une carte contenant des éléments des générations précédentes. Un voyage à travers le temps et les pays qui s’annonce poétique et rempli de questionnements. Pour terminer le mois, la troupe de Gilles Lambert présentera sa version de La nuit juste avant les forêts de Bernard-Marie Koltès, un travail collectif qui aboutira à une forme de soliloque sans réponse, qui mêlera espace initiatique et dangereux et interrogations sur la suite de l’Eden. Un début d’année bien mystérieux en perspective.

Les 5 et 6 février, les enfants pourront se rendre au théâtre, avec Cap sur Oqaatsut, un spectacle dès 5 ans, qui ne se voit jamais mieux qu’à travers l’innocence et la naïveté des plus jeunes, avec l’émerveillement qui s’en suit. Lefki Papachrysostomou enchaînera avec les Copies de Caryl Churchill, dans lesquelles Serge Martin et Angelo dell’Aquila interpréteront une multitude de personnages, partant de l’histoire d’un père veuf qui confie son fils et le fait cloner pour tout recommencer. Le tragique y côtoiera l’absurde, avec encore une fois beaucoup de mystère.

Arrivera enfin le printemps, qui s’ouvrira avec Angelina, la deuxième création de Justine Ruchat, basée sur ses recherches autour du monde de la prostitution. Elle y questionnera nos représentations de ce milieu, souvent biaisées, dans un solo qui s’annonce déjà explosif ! Après la pause dévolue aux vacances de Pâques, Pascal Gravat et sa poésie dansée se demanderont Est-ce moi que tu cherches ?, lui qui s’est questionné sur les gens que la mer prend, et notamment les migrants. Si le projet est encore à l’état d’embryon, il s’agira quoiqu’il en soit d’une performance dans l’eau, avec une forme de puits sans fond, sur l’invisibilité et l’infini.

Le collectif C com Comédies, après son adaptation réussie de Tchekhov, s’amusera avec Monique, Jean, Claudine et les autres, d’après des extraits du Théâtre sans animaux de Ribes. À travers trois courtes pièces, il s’agira de se questionner sur l’identité de genre, tout en s’amusant avec les codes et proposant une relecture bien à eux de ces textes.

Une reprise d’une création entrevue en fin de saison dernière mettra en scène une mère ourse qui recueille des enfants dans la forêt. Dans Derrière les arbres, la question centrale demeurera « Mais qui fait tomber les arbres ? », sans forcément que la réponse ne soit bien définie… On poursuivra avec L’âge de la prune, un texte argentin dans lequel deux sœurs échangent des lettres avant la mort annoncée de leur mère. À travers les textes, ce sont les souvenirs, les blessures et autres non-dits qui ressortiront, pour questionner l’émancipation de la femme à travers le prisme de l’existentialisme. Enfin, la saison se clôturera avec les Contes de Canterburry, dans lesquels la Compagnie Bleu café racontera diverses histoires, suite à la rencontre de plusieurs pèlerins dans la cathédrale de Canterburry.

Danse, théâtre et questionnements : voilà donc en substance le programme du Galpon pour cette saison 2021-2022 qu’on espère belle et complète ! Inutile de se poser trop de questions : foncez au théâtre !

Fabien Imhof

Le programme complet et les infos détaillées sont à retrouver sur le site du Galpon.

Photos : © Elisa Murcia-Artengo

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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