Une saison en forme de répertoire au POCHE/GVE
Cette fois, ça y est ! Le POCHE/GVE est enfin devenu un théâtre germanique, clame son directeur Mathieu Bertholet. Pour la troisième saison consécutive, le théâtre proposera un ensemble, mais une grande innovation est au programme : la saison se présentera comme un répertoire.
Chaussant ses plus belles pantoufles, le directeur était vêtu d’un superbe costume au motif ensoleillé, pour contrecarrer la pluie battante de ce vendredi 2 octobre. Comme il est désormais de coutume, il était entouré des acteur.trice.s de l’ensemble de cette saison, auxquels sont venus se mêler Manon Krüttli, artiste associée, Anne Bisang, metteuse en scène, Karelle Ménine, dramaturge de saison, ainsi que Jane Friedrich, en « guest star », comme Mathieu Bertholet aime à la nommer. Après habituels remerciements à tous les soutiens, à la presse – encore trop peu représentée – et à son équipe, le directeur du POCHE/GVE a enchaîné en présentant la grande nouveauté de la saison : le répertoire.
On sait tous ce qu’est un répertoire téléphonique, mais un répertoire théâtral ?
Nous pourrions résumer la chose ainsi : on sait quand commenceront les pièces… mais pas quand elles finiront. Ainsi, dans le dossier de presse comme sur le site du théâtre, apparaît la mention « au répertoire dès le ». Comprenez par-là que chaque pièce commencera à une date précise et qu’elle se jouera, en alternance avec les autres, jusqu’à la fin de la saison, que celle-ci intervienne en novembre ou en avril. Le POCHE/GVE choisit donc, encore une fois, d’innover pour cette saison ! Et avant de dévoiler le programme, il nous faut encore citer celles et ceux qui composeront l’ensemble de cette sixième saison : Valeria Bertolotto, Angèle Colas, Jeanne De Mont, Fred Jacot-Guillarmod, Jean-Louis Johannides et Guillaume Miramond. Toutes et tous ont déjà participé à divers projets du POCHE/GVE, qu’il s’agisse de sloop, de cargo, d’ensemble ou d’accueil. On se réjouit en tout cas de les retrouver dès le 26 octobre pour le lancement de la saison !
Mais avant cela, c’est un autre grand événement de la saison qu’accueilleront Mathieu Bertholet et son équipe, avec le deuxième épisode de la saga Vous êtes ici, dont la première a eu lieu hier soir. Si le spectacle affiche déjà complet, vous pouvez tout de même tenter votre chance en vous inscrivant sur liste d’attente.
Le 26 octobre donc, la saison du POCHE/GVE débutera à proprement parler avec Edith, un texte de Patricia Highsmith, traduit, adapté et mis en scène par… Mathieu Bertholet ! Après s’être déjà essayé à une adaptation d’un roman de l’autrice américaine, avec Small G, à la Comédie de Genève, c’est avec le journal intime d’Edith qu’il tentera de convaincre le public. La vie d’Edith ne va pas aussi bien qu’elle l’espère : à cinquante ans, son mari la quitte pour une femme plus jeune, son fils est perdu, son vieil oncle la traite comme une esclave. Alors, pour s’évader, elle écrit sa vie rêvée dans son journal. Mais gare à ne pas s’enfermer dans cette douce utopie…
À partir du 16 novembre, c’est le retour de Rebekka Kricheldorf, dont plusieurs textes ont déjà été présentés au POCHE/GVE, notamment Fräulein Agnes l’an dernier. Pour une fois, ce n’est pas une adaptation d’un texte connu, mais une création originale qui sera au programme, avec La maison sur Monkey Island. Quatre chercheurs débarquent sur une île et doivent tout mettre en œuvre pour vendre un nouveau produit. Oui, mais… rien ne se passera comme prévu, les scientifiques devenant eux-mêmes les cobayes d’une expérience à laquelle ils ne s’attendent pas.
Dès le 18 janvier, deux seuls en scène en forme de reprise, avec Au bord et Krach. Dans le premier, Jeanne De Mont reprendra l’auto-fiction de Claudine Galea, qui a désespérément tenté d’écrire sur une photo ayant fait le tour du monde, pour finalement travailler à sa propre introspection et ses rapports amoureux et familiaux. Dans le second, Fred Jacot-Guillarmod incarnera un cadre supérieur qui se jette du haut de son building, dégringolant dans l’échelle sociale en même temps que de l’immeuble…
C’est ensuite Tennessee Williams qui sera à l’honneur, avec Tokyo Bar, dans une nouvelle traduction signée Guillaume Poix, dès le 1er février. Dans ce texte méconnu, ce sont les femmes qui ont le beau rôle, alors que le couple Miriam et Mark est au bord de la rupture… Les rôles féminins seront décidément en vogue au mois de février, avec, dès le 8, Femme disparaît (versions). L’histoire d’une femme qui ne peut plus correspondre à l’image qu’on attend d’elle. Alors, elle s’invente des histoires, celles de toutes les femmes, dans toute leur complexité, leurs défauts comme leurs qualités.
De femme et de couples, il sera toujours question dès le 8 mars, avec Qui a peur de Virginia Woolf. Un professeur et sa femme s’engagent, lors d’une soirée un peu trop arrosée, auprès d’un jeune couple fraîchement installé sur le campus. Entre dialogues cruels et cynisme, amour et transgression seront les maîtres-mots de cette pièce d’Edward Albee, mise en scène par Anne Bisang.
Enfin, pour clore la saison comme elle aura commencé, c’est Mathieu Bertholet qui signera la dernière mise en scène, dès le 22 mars, avec Gouttes d’eau sur pierre brûlantes. Dans cette pièce de Fassbinder, il sera question de rencontre amoureuse, mais aussi de destruction. Le théâtre fera office de loupe, pour décortiquer les éléments de destruction qui s’immiscent déjà dès la rencontre…
En parallèle de cette saison répertoire, rendez-vous au théâtre tous les 7 du mois pour des lectures collectives, accompagnés par les actrices et acteurs de l’ensemble 2020-2021. Deux forums seront également proposés, à commencer par « tourner ? » le vendredi 20 novembre, qui s’interrogera sur la diffusion des arts vivants, en compagnie de professionnels. Le 20 avril, le second forum « DÉmasquéES » questionnera les masques que nous portons au quotidien et le rapport entre ceux-ci et le théâtre. Dans la même veine, le labo DÉmasqueR proposera un atelier d’écriture et de fabrication autour des masques, animé par Karelle Mémine, dramaturge de saison, et Iris Meierhans, médiatrice culturelle du POCHE/GVE. On notera encore le parcours croisé entre théâtre et cinéma, avec un film proposé aux Cinémas du Grütli, en lien avec chacune des pièces de la saison. L’intro du dirlo, les billets suspendus et les cahiers de salle seront évidemment reconduits pour cette nouvelle saison.
Comme chaque année, le POCHE/GVE innove donc, en créant cette fois-ci une formule qu’aucun autre théâtre de la place ne propose. Différents types de soirée, avec des jauges variables en fonction des mesures Covid seront également proposées pour la saison. Alors, n’attendez plus et rendez-vous sur le site du POCHE/GVE pour réserver vos places pour cette saison totalement inédite !
Fabien Imhof
Le programme complet et les détails sont à retrouver sur le site officiel du POCHE/GVE.
Photos : © Samuel Rubio