La Geste d’Avant le Temps : épisode 23

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti !

Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 23 : au secours d’Elestra ?

La Directrice courait derrière eux, aussi vite que le lui permettait son tailleur rose et ses cinq courtes pattes. Ses bouclettes étaient agitées par l’inquiétude :

« Non… revenez ici… »

Par le Métronome ! Qu’il était difficile de suivre les grandes enjambées des humains !

« Vous ne pouvez pas aller sur Rizator-III… ! »

« Et pourquoi pas ? » La bouche d’Hypérion n’était plus qu’un mince trait déterminé. À ces côtés, Je’An avait le regard ferme.

« Parce que… arrêtez-vous… mais ARRÊTEZ-VOUS ! » Enfin, la Directrice parvint à freiner leur élan. Si elle avait su qu’il lui faudrait piquer un sprint pour arrêter des voyageurs dans les couloirs de sa propre Gare, elle aurait pratiqué la course à pied avec davantage d’assiduité !

« Vous ne pouvez pas aller sur Rizator-III », reprit-t-elle, « d’abord, parce que rien ne nous dit que votre amie s’y trouve. Ensuite, parce qu’il n’y a pas de portail qui y mène depuis ici. Les Rizatoriens sont des gens très secrets – ils n’aiment pas les étrangers. Et depuis que les Mange-Temps se sont répandus entre les Galaxies, ils font encore plus attention. Le seul moyen d’aller chez eux, c’est d’y être invité par un des habitants. Alors… à moins que vous ne connaissiez un habitant de Rizator-III, vous n’y mettrez jamais les pieds. »

Hypérion s’arrêta net, désespéré. La seule solution qu’il leur restait, c’était de retourner dans leur monde et de retrouver la mystérieuse Boru.

°°°

Au même moment, à l’autre bout de l’Univers, quelque part dans la Galaxie du Fuseau, Elestra ouvrait les yeux. Gorge sèche… mal à la tête… ses oreilles bourdonnaient, comme si elle avait trop dormi et pas assez mangé – ce qui était probablement le cas. Quelqu’un l’avait couchée sur… ce qui semblait être un matelas, recouvert d’un tissu aussi fluide que l’eau d’une rivière.

Elle se redressa. Les souvenirs vacillaient dans son esprit – le village attaqué… sa harpe oubliée… le pré… des créatures monstrueuses… et plus rien. Où était Hypérion ? Elle était seule dans une pièce ronde comme le cadran d’une montre. Une porte… il y avait une porte. Elle se leva et tituba jusqu’à la porte. Fermée à clef. Elle s’y attendait. À l’autre bout de la pièce, de la lumière entrait par une haute fenêtre… Elle s’approcha. La fenêtre s’ouvrait sur un ciel – le plus bleu qu’elle eût jamais vu, presque turquoise. En contrebas, des champs s’étiraient à perte de vue, verts et dorés. Elle voyait de minuscules silhouettes qui s’y agitaient avec des mouvements saccadés…

Elestra était au sommet d’une tour gigantesque, prisonnière. Et autour d’elle, les champs qui poussaient semblaient murmurer doucement, au rythme du temps… tic-tac-tic-tac-tic-tac…

Meredith Dupont, avec l’appui de Magali Bossi

Photo : ©Hans

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