La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°2 : La Geste d'Avant le Temps

La Geste d’Avant le Temps : épisode 34

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 34 : rencontre sur le sentier

Une poignée d’instants plus tard, les pieds d’Elestra se reflétaient à l’infini.

C’était dantesque ! Elle avait visiblement trouvé la porte de sortie de la tour. À ses pieds, un chemin serpentait à l’infini : il filait entre des champs, disparaissait comme un fil d’argent au milieu des cultures… Elestra posa le pied dessus. Son reflet, réfracté par des milliers d’éclats… C’était étrange. Elle admirait cette myriade de petits morceaux brillants – autant de miroirs qui multipliaient son image.

« Wahou… »

Qu’est-ce que c’était beau…

Son « Wahou ! » farouche fissura l’air et surprit les cultempvateurs qui frappaient, au loin, la terre en cadence. Elestra avait enjambé le seuil de la porte à la manière des sommets de son enfance. Un soupçon d’hésitation pour une belle volée d’émotions fortes. Voilà qui lui rappelait la musique et ça, elle adorait. Ce n’était pas pour rien qu’elle disparaissait des heures durant avec son instrument. Elle songea à Hypérion – lui si travailleur, qui battait monnaie pour les escapades qu’elle s’amusait à élaborer aux sons harmonieux de la harpe…

Un bruit. Des cris. Vite, on la cherchait !

Quand bien même ses rêveries semblaient la tirer d’affaire, elle devait partir… et vite ! Elle prit ses jambes à son cou, laissant la tour derrière elle. Elle courut, courut, courut… et, à force d’accélérer, elle finit par voir la plante de ses pieds se décoller de plus en plus du sentier.

« Wahou ! »

Ses pieds étaient en train de quitter le sol…

« Bon sang, c’est quoi ça ?! »

La sensation était nouvelle, grisante – un brin angoissante. Chaque enjambée la portait plus loin. Son dos la démangeait ; tout en courant, elle passa une main sur l’une de ses omoplates. Là… il y avait quelque chose. Elle s’arrêta, se tourna sur elle-même. Elle se sentait pousser, non des ailes, mais une belle paire d’élytres d’un brun doré. Des élytres… dans son dos ! La panique la prit, mais le brouhaha lointain de ses poursuivants la décida à repartir. Bah, c’en était bien fini des minuscules pas de fourmi : ses nouveaux élytres accéléraient considérablement son avancée. S’ouvrir, sentir ce merveilleux coup de mistral qui l’envoyait cinq dalles plus loin, sur le chemin, pour…

BAM !!!

« Dis-donc c’est ta première avec ailes ?! » vociféra Angélus, surpris d’être pris d’assaut.

La créature avait mis à mal toute sa pyramide de sacs de secondains à planter au petit matin. Les sacs s’éparpillaient, pêle-mêle, sur le chemin. Angélus recoiffa ses plumes ébouriffées et contempla cette… chose… qui débarquait d’un coin d’azur. Un coup de vent éparpilla les graines.

« Nooooon, mes secondains !!! » fit-il, la mine désappointée.

Il se précipita pour ramasser les précieux grains. Elestra fronça les sourcils, silencieux : ce mot lui était bien inconnu. L’être devant elle ne ressemblait à rien de connu. Si elle avait dû oser la comparaison, elle aurait pu le comparer à… une pie, peut-être. Mais à taille humaine, pourvue de trois paires de bras et d’ailes qui s’agitaient dans la brise. Pour l’instant, la drôle de créature s’affairait à rassembler à ce qui semblait être de minuscules graines. Elestra, un peu coupable, s’accroupit pour l’aider. Ensemble, ils remirent les graines dans les sacs. Enfin, Angélus se redressa en époussetant ses plumes :

« Plus de peur que de mal, heureusement ! Je n’ai pas perdu un grain. Mais quand même… fais plus attention quand tu voles : le sentier-miroir est très fréquenté, tu devrais le savoir. »

Elestra était déstabilisée, dubitative quant au bec de l’étrange pie-homme (ou était-il entièrement pie ?), aussi large que sa harpe. Ma harpe, songea-t-elle, au désespoir. Pouvait-elle faire confiance à ce drôle d’oiseau ? Malgré son air bougon, il avait l’air plutôt sympathique. Elle décida de tenter le coup :

« En fait… je ne suis pas vraiment d’ici… c’est la première fois que je vois un… sentier-miroir. »

La créature ébouriffa ses plumes soyeuses, d’où perlaient de minuscules gouttes. De la rosée ? Elestra discerna ce qui ressemblait à un grand sourire – même si voir sourire un bec était, indéniablement, très étrange.

« Oh ! Tu es une invitée ! »

« Si on veut… »

« Alors je manque à tous mes devoirs. Je m’appelle Angélus et je suis cultempvateur. Pour te servir. »

Et la drôle de pie s’inclina longuement, ce qu’Elestra s’appliqua à imiter.

« Mon nom est Elestra. Alors… ce sentier-miroir… ? »

« Ah, les sentiers-miroirs sont la nouvelle acquisition de la Galaxie du Fuseau : dernière technologie de chrono-portation, bien plus rapide que l’ancienne, bien plus sûre ! De quoi reléguer les autres Galaxies pour les minus et se gausser d’avoir le vent en poupe ! Avec ça, on est à la pointe du progrès. Épatant, non ? »

Laure-Elie Hoegen

Photo : ©Free-Photos

La suite, c’est par ICI !

Et pour retrouver tous les épisodes, c’est par LÀ !

Laure-Elie Hoegen

Nourrir l’imaginaire comme s’il était toujours avide de détours, de retournements, de connaissances. Voici ce qui nourrit Laure-Elie parallèlement à son parcours partagé entre germanistique, dramaturgie et pédagogie. Vite, croisons-nous et causons!

Une réflexion sur “La Geste d’Avant le Temps : épisode 34

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *