La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°2 : La Geste d'Avant le Temps

La Geste d’Avant le Temps : épisode 36

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 36 : retour à la Gare

« Bon. As-tu terminé les préparatifs ? »

Le ton de Je’An était tendu, impatient – comme s’il se préparait à la bataille. Un Fre’Hem (visiblement un ingénieur, se dit Hypérion) s’inclina avec un étrange sourire.

« Oui, Maî… heu… oui, Je’An. Tout est prêt pour votre départ : une fois que le portail numérique sera ouvert, nous vous enverrons directement dans le monde d’EIEN. »

« Le monde virtuel d’EIEN, je te rappelle », le reprit Je’An d’une voix douçâtre.

Hypérion tiqua. Depuis que son compagnon lui avait révélé son plan, quelque chose ne tournait pas rond : le jeune musicien, auparavant si jovial, était nerveux. Les mains un peu tremblantes, un tic au coin de la bouche… il y a un truc qui cloche. Malheureusement, Hypérion n’arrivait pas à mettre le doigt dessus. Je’An se tourna vers lui et lui ordonna d’un ton brusque :

« Bon, donne-moi ta harpe. Grâce à elle, nous allons ouvrir un portail numérique et retomber directement dans la Gare. À partir de là, nous pourrons naviguer partout dans le monde virtuel. Attends-toi à tout et surtout – fais-moi confiance. »

Ils s’approchèrent des écrans qui occupaient tout un mur de la nef de pierre. Je’An appuya sur des touches différentes – celles de la chanson des deux géants. Quarante-six… septante six… seize… trente-deux… Puis il effleura les cordes de la harpe, comme il l’avait fait devant les deux colonnes de Lu’Nl : une étrange mélopée s’envola, les enveloppa, un miroir d’eau sonore apparu devant eux… le portail ! Un rapide coup d’œil… et ils y plongèrent, ensemble !

Hypérion trouva le déplacement moins surprenant que les autres fois. Il commençait peut-être à s’y habituer… ou alors, c’est parce qu’il avait appris que tout cela n’était qu’illusions, que ce n’était que du « virtuel », comme disait Je’An. Autour de lui, le passage tournait, tournait, tournait, comme un tunnel. Mais, dans ce vortex qui tourbillonnait, Hypérion eut l’impression d’une vague odeur – une odeur qu’il avait sentie il y avait bien longtemps, au milieu de son village détruit par les Manges-Temps… une odeur de charogne… de marécage… puis, tout à coup, une sensation désagréable, gluante, là, sur son bras ! Qu’est-ce… le contact était froid, comme si une limace… ou un tentacule lui avait effleuré la peau…

Soudain, il se retrouva sur le quai de la Gare. Je’An était à ses côtés ; l’odeur et le tentacule avaient disparu. Devant eux, c’était toujours la même agitation, les passagers qui se pressaient, les grands écrans annonçant des destinations inconnues aux départs et aux arrivées… Tout semble si réel, pensa Hypérion. Comment peut-on créer tout ça, avec des machines ? La lumière qui danse sur les dalles du sol, les éclats de poussière dans l’air, les écailles de ce… lézard géant ? Et les plumes de cette femme à deux têtes… tout a l’air vrai. À côté d’eux, une cohorte d’êtres mi-ours, mi-scorpions se hâtèrent de rejoindre leur wagon. Cette diversité plaisait à Hypérion, qui avait peine à croire que le monde virtuel d’EIEN soit l’endroit dangereux décrit par Je’An… ou même que ce monde ne soit pas la réalité. Et pourtant…

« La S.I.P.S.T. informe ses aimables clients qu’en raison de l’épidémie de peste astrale qui sévit dans les Nuages de Magellan, nos cadences pour cette destination sont considérablement ralenties. Tous les voyageurs sur ces lignes sont priés de se munir d’un masque spatio-viral et de désinfecter régulièrement leurs appendices. »

Hypérion se tourna vers Je’An :

« On fait quoi maintenant ? »

Je’An lui tendit la harpe. Ses mains tremblaient légèrement :

« Joue l’air que tu as joué la dernière fois : ça ouvrira le portail pour Rizator-III et nous pourrons rentrer dans cette partie d’EIEN. »

Mais Hypérion n’était pas musicien : il avait joué de mémoire ce qu’il avait entendu Elestra jouer de nombreuses fois… il n’était pas sûr de parvenir au même résultat. Il essaya quelques notes… mais rien. Quelques passants se mirent à les regarder fixement…

« Essaie encore ! » insista Je’An, la voix plus pressante.

Sylvie Bossi

Photo : ©pixel2013

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