La Geste d’Avant le Temps : épisode 53

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 53 : s’échapper

Elestra avait envisagé en une poignée de secondes de faire la morte. Elle n’était pas bête et connaissait son sort, une fois tirée hors du nid par ces espèces de roquets fébriles, à deux doigts de fendre la porte…

« Elestra ! Qu’est-ce qu’on fait ? » chuchota Angélus.

BAM BAM BAM !

« Cultempvateur Angélus ? Ouvrez. »

« Elestra ?! La milice des Gardiens est impitoyable. Je vais mourir. Broyé. Ecrasé. Piétiné. Décide, vite ! » se plaignit Angélus, faisant fi d’Hypérion et Sexte qui transpiraient à grandes eaux dans le coin de la pièce.

« Cultempvateur Angélus ? En cas de coopération, vous recevrez une poignée de fuseaux horaires… »

Angélus hésitait – c’était malheureusement tentant…

« Une poignée, à chaque son de cloche, cultempvateur Angélus ».

La pâleur d’Angélus faisait mal au cœur :

« Comment ça, à chaque son de cloche ? Bon sang, Elestra, ils ont lu dans mes pensées ! Ils savent ce que je pense ! Aaaah ! »

Voyant l’oiseau perdre du courage par tas de plumes, Elestra savait qu’elle devait…

Nanji tira sur l’épaule d’Elestra d’un coup sec. La jeune fille tourna la tête, interdite. Qu’est-ce que… mais, ce… Nanji ?! La Mange-Temps avait pris l’aspect d’un ver luisant et rampait en multipliant les pirouettes en direction de la clenche. Au contact de Nanji, Elestra s’était vue rapetisser à la vitesse du souffle : elle avait à présent la taille d’une souris.

Angélus fronça les sourcils : ça alors ! Il avait oublié le caractère stratège des Mange-Temps… Nanji avait eu une idée de génie !

« Bon sang, bien sûr. Leur maîtrise des formes et… »

GNAAAAAAAAK ! Hyperion, Sexte et Angélus tournèrent brusquement la tête dans l’autre direction, comme pour ne pas voir ce qui venait sur eux. Les miliciens venaient de pénétrer dans la maison.

Elestra et Nanji, elles, rampaient, rampaient et échappaient à l’interrogatoire. Profitant de la porte ouverte, elles se glissèrent dans un hallier, là où se mussaient quelques plantes bien épaisses qui les cachaient à l’envi. Ouf.

Elestra admirait ses élytres miniatures et trouvait la métamorphose plutôt réussie. Puis, survint l’inquiétude :

« Oh. Mais Hypérion ? Et Angélus ? Et l’Oncle Sexte ? » gémit-elle.

« Hypérion saura comment faire. Tu lui as fait boire la potion, non ? Il nous retrouvera sans problème », la rassura Nanji.

Se laissant glisser sur les sentiers-miroirs, sur leurs abdomens lisses de vers luisants, elles arrivèrent face à l’immense porte de la Tour. Elles s’immiscèrent alors par une petite fente à leur droite…

Laure-Elie Hoegen

Photo : ©Septimiu

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