La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°2 : La Geste d'Avant le Temps

La Geste d’Avant le Temps : épisode 57

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 57 : le cœur d’Eien

Les pensées d’Euridy bouillonnaient.

Son cerveau était noyé par des vagues d’informations nouvelles qu’elle venait à peine d’assimiler et des évènements qui se précipitaient sous ses yeux, sans qu’elle ait le temps de reprendre son souffle. Elle marchait dans les longues allées de la bibliothèque, tout en essayant de remettre les pièces de puzzle dans l’ordre. Du coin de l’œil, elle vérifiait qu’Elestra lui emboîtait bien le pas.

Elestra qui disparaît de la tour des Gardiens… la Diacre qui part – semble-t-il sur un coup de tête… ce livre en évidence sur la bibliothèque… la prophétie dont le terme s’approche inéluctablement… Elestra qui réapparait !

Décidément, tout allait vite, trop vite pour Euridy. Elle ne pouvait arrêter de penser à ce livre, fraîchement consulté dans la bibliothèque. De toute évidence, son contenu était de la plus haute importance ; et pourtant, elle n’en avait jamais entendu parler ! Boru aurait-elle des réponses à lui apporter, lui faisait-elle suffisamment confiance ? Euridy comptait bien lui demander des explications, lorsqu’elle reviendrait… pour autant qu’elle revienne ! Boru… si ce livre était si secret, pourquoi l’avoir laissé en évidence après son départ ? Euridy essuya un frisson, qui la parcourut au plus profond d’elle. Elle avait un mauvais pressentiment au sujet de sa mentor.

« Nous y voilà », annonça-t-elle, la tête toujours à ses pensées néfastes. Suivie d’Elestra, elle pénétra dans la section la plus profonde de la bibliothèque, celles où les livres interdits réservés aux Diacres seuls étaient entreposés, même si des générations s’étaient succédé sans jamais s’y rendre…

Elestra l’avait suivie durant tout le trajet, les mains crispées sur sa harpe, en observant les allées interminables de livres et les hauteurs sans fin d’étagères qui s’empilaient dans les couloirs et les successions des salles. Sans savoir pourquoi, elle se sentait attirée dans la direction que suivait Euridy. Plus elle avançait, plus elle serrait fort sa harpe, et plus les cordes semblaient vibrer et s’accorder avec le lieu. Ou bien n’était-ce que le fruit de son imagination ?

La salle dans laquelle elles venaient de pénétrer était grande. Des rangées de livres de toutes tailles et les étagères parfaitement alignées recouvraient la quasi-totalité des murs circulaires qui ceignaient la pièce. Tous ces livres étaient imprégnés d’une sorte d’aura mystique qu’Elestra n’aurait pas su décrire, comme s’ils avaient toujours été là et qu’ils y seraient toujours. Bien qu’il ne semblât pas y avoir de fenêtre dans la pièce, Elestra voyait sans difficulté. Et pourtant, aussi mystérieux que fussent ces livres, ce n’étaient pas eux qui captèrent son attention, au moment où elle posa un pied dans la pièce – mais l’étrange et fascinant mécanisme qui surplombait la bibliothèque, en face de la porte par laquelle elle était entrée.

Une horloge ? Cela y ressemblait, dans la forme générale, mais elle n’en comprenait pas le fonctionnement, ni le sens. Du centre d’un majestueux cercle doré partait une multitude d’aiguilles de formes et de tailles différentes, dans un ballet incessant qui en rendait certaines difficiles à distinguer. Aucun rythme ne semblait relier les unes aux autres, aucune règle, aucune harmonie. Derrière cette multitude de girations, Elestra distinguait un entrelacs de tubes et de récipients, contenant ce qui ressemblait à des grains de diverses couleurs, fourmillant eux aussi dans ce qui ressemblait à un désordre chaotique…

Des sabliers et des clepsydres ! Et à l’intérieur… on dirait ces grains qui poussent dans les champs ! songea Elestra.

Au centre de ce mécanisme fabuleux, qui se mouvait dans tous les sens et à toutes les allures, une aiguille était immobile, se démarquant remarquablement du reste des pièces qui virevoltaient. Elle donnait l’impression que le temps était arrêté autour d’elle, en plein milieu d’un tourbillon.

« Elle est impressionnante n’est-ce pas ? » déclara Euridy, sans dissimuler sa fierté, voyant qu’Elestra n’arrivait pas à décrocher son regard du cadran. «  J’ai découvert son existence très récemment, et je dois avouer que j’en suis encore moi-même assez stupéfaite. C’est un secret très bien gardé. D’après certains de ces ouvrages autour de toi, on l’appelle le cœur d’Eien, et chaque mouvement que tu vois est un battement de son cœur. Poétique n’est-ce pas ? ».

Elestra restait coite. Elle ne savait pas ce qu’elle regardait, mais elle sentait que cela avait une importance capitale pour elle…

Arnaud Chiaradia

Photo : ©Kellepics

La suite, c’est par ICI !

Et pour retrouver tous les épisodes, c’est par LÀ !

Une réflexion sur “La Geste d’Avant le Temps : épisode 57

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *