La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°2 : La Geste d'Avant le Temps

La Geste d’Avant le Temps : épisode 73

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 73 : luttes et incertitudes

« Crénom ! C’est peine perdue ! À chaque Mange-Temps qu’on tue, on dirait qu’il y en a deux qui réapparaissent ! »

Balthazard s’exprimait sur le ton de la résignation. Les Voyageurs Temporels luttaient de toutes leurs forces contre la marée de Mange-Temps qui déferlait encore et encore sur eux. Leur nombre semblait ne jamais décroître.

« On n’arrivera jamais à réactiver une nouvelle bulle avec nos montres ! » s’écria-t-il. « Pas possible d’avoir trois minutes de répit pour le décompte… ni de rejoindre la montagne pour attaquer leur nid ! »

« Ressaisis… toi, au nom d’Eien ! » s’écria Sexte, le souffle court à cause de l’effort. « Paniquer… ne sert… à rien ! Tous les Voyageurs sont… réunis ici… sans compter l’état… major des Gardiens du… Temps… on ne peut pas… échouer… ! »

Il décochait des flèches sans discontinuer, depuis un temps qui lui semblait infini, tourbillonnant au milieu de leurs ennemis. L’assurance dans la voix de Sexte revigora Balthazard instantanément. Si Sexte le disait, ce ne pouvait qu’être vrai – enfin, il l’espérait ! Et pourtant, en regardant autour de lui, il lui était très difficile d’être aussi optimiste : le nombre de leurs compagnons à terre grandissaient, certains gisant immobiles, d’autres se tordant de douleur sous les coups toujours plus féroces de leurs adversaires.

Les premières lignes de défense des Voyageurs avaient cédé depuis un moment, et le front se rapprochait de plus en plus de Sexte et lui. Derrière eux, Balthazard entendait le Généralissime crier des ordres dans toutes les directions… mais l’étau se resserrait malgré tout. Sur les conseils de Sexte, le Généralissime avait envoyé un bataillon pratiquer une percée en direction de la montagne – hélas, le petit détachement avait rapidement battu en retraite. Il ne fallait pas se mentir : les Mange-Temps étaient largement en surnombre et il n’était pas possible de lutter en terrain découvert, au milieu des champs… Les Voyageurs Temporels étaient acculés et seule la protection de la Tour des Gardiens leur offrait une position défendable. Mais, si la forteresse avait la réputation d’être inexpugnable, quand Balthazard balayait la bataille du regard, il ne pouvait s’empêcher de se demander jusqu’à quand…

« Qu’Eien nous vienne en aide… » soupira-t-il avec désespoir.

° ° °

Toujours sous forme de colibris-foudres, les cinq compagnons s’étaient regroupés au sommet du clocher qui dominait le village. Ce point élevé leur permettait d’observer les lieux sans se faire repérer. Les mêmes questions les animaient : où dont se trouvait leur ennemi ? Et que faisait-il ici et maintenant… ?!

« Je ne comprends vraiment pas…» commenta Euridy, incertaine. « J’ai pourtant étudié la prophétie et les ouvrages réservés aux Diacres… et je suis sûre de moi : tous les évènements s’enchaînent selon ces prédictions. Je pensais que nous irions mettre un terme à tout cela… mais si notre ennemi est là… enfin, ce n’est pas certain. La Table de Téléportation a peut-être eu un problème ? Nous devrions y retourner, et voir si quelque chose cloche… »

Hypérion, quant à lui, n’avait pas prononcé un mot depuis qu’ils s’étaient installés en haut du clocher. Retrouver de manière aussi soudaine son village natal, après tant d’aventures, le troublait énormément. Non seulement il était ému par la nostalgie d’y être à nouveau, mais également perplexe, car ce qu’il voyait n’était pas absolument identique à ce qu’il avait quitté… Dans ses souvenirs, la porte du fournil du boulanger ne semblait pas si flambant neuve… cette échoppe, au coin de la place, n’était plus celle du cordonnier, mais du menuiser… et tous les visages qu’il voyait en contrebas, s’ils lui semblaient familiers, ne ressemblaient à personne qu’il reconnaissait véritablement… Qu’est-ce que ça veut dire ?

« Tu penses que nous sommes dans la dimension-miroir ? » demanda Elestra à Nanji.

La Mange-Temps secoua la tête :

« Non… la dimension-miroir vibre d’une certaine manière – c’est comme… une inversion de la vibration de la dimension réelle. Ici… j’ai plutôt l’impression que… »

« Moi, j’ai un mauvais pressentiment » l’interrompit Angelus. « Foi de cultempvateur, je sais dire quand le temps se détraque… et j’ai chassé assez de Mange-Temps de mes champs pour savoir quand il y en a un qui rôde dans les parages… ce Je’An ne doit pas être loin. Nanji, tu peux me donner l’apparence d’un de ces deux-pattes ? Histoire que je puisse aller voir ce qui se trame en bas… »

Il s’envola et atterrit devant la petite église. Nanji s’exécuta sans un mot, et en quelques instants, Angélus pris la forme d’un humain, tout à fait semblable à ceux qui déambulaient plus bas dans la rue. Il avait des cheveux roux et des taches de son sur les joues, mais ses yeux conservaient quelque chose de son regard mobile de pie géante.

«  Restez ici, je vais voir ce qui se trame », ordonna-t-il à la petite troupe restée en haut du clocher. Et il rejoignit la rue d’un pas assuré.

Arnaud Chiaradia (avec des clins d’œil de Magali Bossi)

Photo : ©Tuor

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