La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°2 : La Geste d'Avant le Temps

La Geste d’Avant le Temps : épisode 9

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti !

Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 9 : quand t’es dans le désert…

« Chaud… il fait chaud… trop chaud… je n’en peux plus… »

Cela faisait plusieurs semaines qu’Hypérion avait quitté le village, chargé des espoirs des parents d’Elestra et de la harpe de la jeune fille.

Il avait d’abord traversé sans encombre les champs cultivés qui entouraient le village, remarquant à peine les jeunes épis de blé qui attendaient, la tête pendante, les soins de paysans qui ne viendraient plus. Le soleil était revenu, plus fort qu’avant : le printemps n’avait plus rien de joyeux, mais s’avérait déjà caniculaire… les flaques de pluie n’étaient plus qu’un souvenir évaporé.

Après quelques jours de marche, il avait quitté les régions qu’il connaissait. Il avait laissé derrière lui des villes, des villages, des hameaux. Il allait à l’Est – toujours plus à l’Est. Il avait traversé une fine bande de pins, pleine des craquements des pives qui s’ouvraient sous l’ardeur du soleil… et avait atteint le Désert des Larmes Sèches. Il s’y était engagé, plein de ce courage et de cette obstination qui ne le quittaient pas depuis son départ.

Mais là – il avait pénétré le Désert depuis quelques heures à peine et la fournaise était déjà bien trop insupportable. Il n’allait pas tenir ! Pas un bruit : pas de chant d’oiseau ou de grignotement de souris, pas un souffle de vent… juste l’air qui ondulait devant ses yeux brûlés… l’air qui ressemblait à de l’eau… de l’eau… mais Hypérion savait que ce n’étaient que des mirages destinés à rendre fou les voyageurs assoiffés.

« Trop chaud… trop chaud… »

Il se débarrassa de son barda, jetant pêle-mêle son sac trop lourd, ses gourdes, son vieux chapeau élimé et la harpe d’Elestra. Il s’assit au milieu du fatras et s’abrita sous sa cape de laine rapiécée. Il ouvrit une gourde. Boire. Enfin. Il sentait l’eau descendre en lui comme un de ces torrents qui abreuvent le désert, en se faufilant dans le sable aride. Mon Dieu, que c’était bon ! Rasséréné, il fit mentalement le point sur sa situation :

Je suis en plein désert. Il me reste… environ cinq jours d’eau… six, si je me rationne. Je dois retrouver le mystérieux voyageur dont parle la légende, pour pouvoir accéder au monde des monstres et sauver Elestra. Rien de plus facile.

Même ses pensées étaient amères : le découragement s’insinuait en lui. Je n’y arriverai jamais. C’est impossible. Ses yeux se posèrent sur la harpe. Il avait toujours voulu en jouer, mais n’avait jamais osé demander s’il pouvait y poser les doigts. Ça aurait été un sacrilège, lui qui n’y connaissait rien à l’art des sons… Mais là, en plein désert, il était seul. Pourquoi ne pas essayer ? Il prit l’instrument et effleura du bout des doigts les cordes de métal… qui résonnèrent aussitôt, remplissant l’air d’une vibration étrange – sauvage, puissante, et qui l’enveloppa entièrement, s’insinuant dans son corps, ses poumons, remontant jusqu’à son cerveau qui se mit à bouillonner d’images scintillant comme une myriade d’étoiles filantes, aussi tournoyantes et étranges qu’un kaléidoscope… et dans ce bouillonnement, il y avait plusieurs jeunes hommes, presque des garçons… mais non, c’était toujours le même visage qui souriait, qui lui ressemblait, qui transpirait sous un soleil de plomb, qui…

Hypérion perdit connaissance.

Sylvie Bossi

Photo : ©GregMontani

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