La Geste d’Avant le Temps : épisode 10

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti !

Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 10 : dans une galaxie lointaine…

Au moment précis où Hypérion s’évanouit, sur la planète Rizator-III (située à plusieurs années-lumière, dans la Galaxie du Fuseau), le pauvre Angélus se redressa en s’enfonçant le doigt dans l’oreille :

« Ah non ! Encore ces bruits ?! Ça ne va pas recommencer ! »

Depuis plusieurs années, Angélus était affligé d’un mal mystérieux : il entendait des choses étranges – des sons et des voix inconnues qui chantaient. Au début, il avait cru que c’était la fatigue et n’y avait plus pensé. Mais ça n’était pas passé – au contraire, les sons et les voix s’étaient faits plus présents. Il avait questionné son entourage, mais personne d’autre ne les entendait. Pire : on commençait à le regarder bizarrement. Dans les Plantations Temporelles, tout ce qui ne relevait pas de l’agriculture (les rêveries, l’imagination, la musique) était mal vu. Alors entendre des voix et des chants, c’était le pompon ! Il avait donc choisi de garder ça pour lui et de faire avec. Heureusement, c’était mélodieux et agréable pour s’endormir…

Sauf que cette fois, les sons étaient particulièrement cacophoniques ! On aurait dit un troupeau de Gratte-Temps lancés à pleine vitesse : L’HORREUR !

Il s’essuya le front et essaya d’ignorer le tapage. Il faisait chaud, aujourd’hui : les rayons de Tempo, l’étoile principale de Rizator-III, tapaient fort. C’était la fin du printemps et les semailles allaient bon train. Angélus se remit au travail. Le sac de graines était lourd. Il avait déjà planté quatre lignes de secondain, il fallait qu’il se dépêche. Le secondain n’était pas une céréale très recherchée. Elle se vendait mal – mais c’était tout ce que les Gardiens du Temps avaient voulu lui vendre. Les Gardiens du Temps faisaient la loi, dans la Galaxie du Fuseau ; ils géraient le stock de graines temporelles et les vendaient au plus offrant. Hélas, Angélus était trop pauvre pour acquérir des graines de minutain, bien plus rentable… Il espérait juste ne pas vendre sa récolte à perte, sur un des grands Marchés Temporels de la planète.

Il soupira en reprenant sa tâche. Cultiver du Temps sur Rizator-III était difficile : plutôt qu’être cultempvateur, il aurait préféré construire des dirigeables spatio-temporels… ou mieux, être un Voyageur Temporel, comme son oncle qui connaissaient les secrets des terriers des Mange-Temps. Ouais. Voyageur Temporel, c’était le top ! L’élite ! Ceux qui passaient à travers les mondes pour se rendre dans d’autres galaxies…

Tiens, d’ailleurs ! Tout en plantant le secondain, Angélus se fit la réflexion qu’il lui faudrait encore protéger ses plantations avant la nuit : les Mange-Temps n’étaient pas des créatures dangereuses pour les habitants de Rizator-III (pour ceux des autres galaxies, c’était une autre affaire !)… mais si on les laissait faire, ces saletés de bestioles faisaient de sacrés dégâts dans les plantations de céréales temporelles !

Et ça, Angélus ne le voulait surtout pas !

Sylvie Bossi

Photo : ©HansBraxmeier

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