La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°3 : Et la marmite se brisa

Et la Marmite se brisa : épisode 23

Vous aimez les enquêtes et les énigmes ?

Vous rêvez de courir après les meurtriers, d’élucider des crimes, d’être aussi habile que Sherlock Holmes, aussi perspicace qu’Hercule Poirot ? Les interrogatoires ne vous font pas peur et les indices, c’est votre rayon ? Bienvenue dans Et la Marmite se brisa, une fabuleuse enquête de Miss Apfel !

Et la Marmite se brisa est un nouveau récit participatif lancé par La Pépinière à l’automne 2020. Entre le feuilleton et le cadavre exquis littéraire, nous avons réuni des autrices et auteurs de tous bords : amateur.trice.s, confirmé.e.s, déjanté.e.s, sérieux.ses, jeunes ou plus âgé.e.s… Après le succès de nos récits participatifs précédents (Du jardin au balcon et La Geste d’Avant le Temps), les voilà prêt.e.s à s’embarquer pour une nouvelle aventure, sans savoir ce qui les attend. Cap sur le polar helvétique !

Pour cette première aventure de Miss Apfel (qui évoque bien sûr la Miss Marple d’Agatha Christie), plongez dans les secrets historiques de Genève…

Alors, ça vous tente ?

Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 23 : Légiste et révélation

 Musée d’Art et d’Histoire.

Le 11 décembre, 11h30 du matin.

Lorsque Pierre Dunant et son équipe arrivent sur place, Tabazan ne peut s’empêcher de leur adresser une réprimande :

« Une demi-heure pour arriver ? Bon sang, mais vous faisiez quoi ? Vous êtes venus à dos d’âne ? C’est pas sérieux, cette affaire est vraiment prioritaire ! »

Levant les yeux au ciel et ne sachant que répondre, Dunant demande à l’inspecteur où se trouve l’armure, afin qu’il puisse examiner la tête et le sang séché. Tabazan, visiblement agacé, lui indique la direction et le presse pour avoir des réponses.

« Je dois procéder méticuleusement, inspecteur », lui répond le légiste, « le sang a séché dans le casque, si bien que la tête est collée, je ne veux rien abîmer ! »

Tabazan, surpris par l’aplomb avec lequel Dunant l’a rembarré, marmonne dans sa barbe et laisse le médecin effectuer son travail tranquillement.

« Ce que je peux vous dire, déjà, au vu de la couleur de cette tête, et de la façon dont le sang a séché, c’est que notre victime est morte depuis plusieurs jours, je dirais quatre ou cinq, en tout cas… »

« Et personne ne s’en serait rendu compte ? » l’interrompt rapidement Tabazan. « On ne me fera pas croire qu’aucun visiteur du musée ou membre du personnel n’a vu cette affreuse tête coupée dans l’armure de Picot. Sans parler de l’odeur, ça empeste ! »

Dunant, un petit sourire de fierté aux lèvres, ravi de posséder enfin une réponse que l’inspecteur n’a pas, lui rétorque :

« J’ai dit qu’il était mort depuis plusieurs jours, pas que sa tête avait été placée là depuis plusieurs jours – nuance ! À mon avis, le casque avec la tête a dû être remis sur l’armure ce matin, ou tard hier soir, tout au plus. Regardez, la couleur du métal n’est pas tout à fait la même entre le casque et l’armure… ce qui veut dire que l’oxydation ne s’est pas faite de la même manière. Ce casque n’est donc pas d’origine ! Ce qui paraît logique, si on l’a placé là par après ! » termine le légiste, très fier de lui, persuadé d’avoir mouché Tabazan.

L’inspecteur, qui cherche à faire disparaître le sourire narquois du visage de son vis-à-vis, reprend, de plus en plus agacé :

« Bien joué Sherlock, on ne s’en serait pas douté ! Bon, et sinon, rien d’autre à dire sur cette tête ? Pas d’indice ? Et le vrai casque, où est-il ? Aurait-on à faire à un voleur, en plus d’un meurtrier ? Pourquoi ne voler que ce casque ? … Cela n’a pas de sens ! »

Une petite voix surgit alors de derrière l’inspecteur :

« Le vrai casque était là, derrière le rideau. Dites donc, pour un inspecteur chevronné, vous n’êtes pas très observateur ! »

Cette petite pique moqueuse a été lancée par Miss Apfel, qui vient d’arriver sur les lieux, alertée par Heidi. Tabazan lève les yeux au ciel – évidemment, il aurait dû s’en douter…

« Comment ? Mais qu’est-ce que vous faites là, vous ? Ah, je vois, Heidi… »quelle bande de fouineuses, celles-ci, toujours à traîner dans mes pattes…« Bon, donc cela règle le problème du casque ! Mais cela ne nous en dit pas plus sur la victime ! »

« AAAAAAHaaaa ! » s’exclame alors Dunant, que Tabazan avait presque oublié à l’arrivée de sa rivale…

Le légiste poursuit :

« Vous aviez sans doute remarqué les trois carottes de massepain, une dans chaque narine et la dernière dans la bouche ? »

L’assemblée répond par l’affirmative, se demandant où il veut en venir, à force d’énoncer toutes ces évidences…

« Mais aviez-vous remarqué le papier dissimulé dans la bouche de notre homme ? Cette fois, pas d’encre sympathique ! Regardez, on discerne les lettres… on dirait que le meurtrier a pris un bête stylo pour écrire la même devise que la dernière fois… »

« Ainsi périssent les ennemis de la République ! », s’exclame Heidi, qui a repris quelques couleurs depuis sa macabre découverte.

« Exactement ! Et ce n’est pas tout, regardez ce dessin, dans le coin de la feuille… vous le reconnaissez ? »

« C’est le même que sur la main de la victime ! » s’écrie Tabazan, tout content de sa trouvaille.

« C’est cela, oui… mais surtout », reprend Dunant, « contrairement à la peau, l’encre n’a pas bavé cette fois, et il me semble reconnaître clairement un aigle ET une clé – qu’en pensez-vous ? »

C’est exactement le même signe que sur la pierre ! Mais… devrais-je leur dire ce que je sais ? Cet inspecteur ne m’inspire vraiment pas confiance… réfléchit Heidi, qui décide finalement de se taire.

Tabazan, reprenant les choses en main, donne des ordres à tout va :

« Bien, vous allez récupérer tout ce qu’il est possible et m’examiner cela au labo. Pareil pour la tête. Quant à vous, chère Miss Apfel, vous allez ramener votre nièce chez vous, regardez-la, elle est toute pâle ! Et une scène de crime n’est pas un endroit pour des civils ! Adjudant Danltaz, vous allez immédiatement contacter Géraldine Mercet pour qu’elle se penche sur ce symbole. Il faut absolument en trouver la signification. C’est certainement… la clé de l’enquête ! Haha ! Vous voyez, Dunant, ça c’est un BON trait d’humour ! Allez, allez, on s’active là ! »

*

Chez Miss Apfel.

Le 11 décembre, 12h00.

« Tiens ma chérie, prends encore une tasse de thé et un gâteau, tu as besoin de sucre pour te remettre de tes émotions ! »

« Merci Tantine, mais je vais exploser si je mange encore, et une tasse de plus et je passe l’après-midi aux toilettes ! Enfin, bref… il faut que je te parle de quelque chose », lui répond Heidi, l’air grave.

« Tout va bien ? Tu m’inquiètes… »

« Oui oui, tout va bien, ne t’en fais pas ! C’est juste que tout à l’heure, quand l’inspecteur a parlé du symbole. Eh bien… je n’ai pas vraiment dit la vérité. J’ai déjà vu ce symbole, et c’est d’ailleurs grâce à lui que je me suis retrouvé au Musée. »

« Comment ça ? Je ne comprends rien… »

Heidi poursuit :

« Tu te souviens le livre que tu m’as offert ? Eh bien, dedans, j’y ai trouvé une étrange inscription… il y était question d’une espèce de… groupe… nommé les Adorateurs de l’Escalade. Et il y avait une croix, au milieu du passage de Monetier, sur le plan de la Vieille-Ville, juste à côté de l’annotation. J’y suis allée, discrètement… et là, j’ai suivi des couloirs sous-terrain, dans lesquels j’ai trouvé ce symbole, ce qui m’a menée au Musée, juste devant l’armure de Picot… mais je n’ai pas osé en parler à l’inspecteur, parce que je n’avais pas le droit d’être là !… Et puis, il ne m’inspire vraiment pas confiance ! »

« Ne t’en fais pas, ma chérie, tu as bien fait de m’en parler ! Ce Tabazan ne comprend rien à rien de toute façon ! Je vais me renseigner sur ces fameux Adorateurs de l’Escalade. Cela ne me dit rien qui vaille… on dirait le nom d’une secte ou quelque chose dans le genre… Je vais aller faire un tour aux Archives, j’y trouverai certainement quelque chose ! Toi, tu restes là, tu te reposes, et surtout, tu manges ! Il y a encore plein de gâteaux dans la boîte ! »

Fabien Imhof

La suite, c’est par ICI !

Et pour retrouver tous les épisodes, c’est par LÀ !

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Photo : © moonzigg

Fabien Imhof

Titulaire d'un master en lettres, il est l'un des co-fondateurs de La Pépinière. Responsable des partenariats avec les théâtres, il vous fera voyager à travers les pièces et mises en scène des théâtres de la région.

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