Happy birthday to you, le Loup
La fête était belle ce week-end au Théâtre du Loup, à l’occasion du trentième anniversaire de ce lieu d’abord conçu comme éphémère. Après un retour sur la Genèse de ce projet, les artistes ont présenté la saison à venir. La journée s’est conclue en beauté avec un spectacle et une soirée dansante.
Tout a commencé avec l’entrée de Rossella Riccaboni chantant un « Happy birthday » au Loup, repris en cœur par toute l’assemblée présente. La maîtresse de cérémonie a rapidement passé la parole à Sami Kanaan, qui a notamment rappelé le caractère très genevois du projet du Théâtre du Loup, à savoir un théâtre conçu comme éphémère, mais qui dure finalement dans le temps. Après cette introduction, place au premier événement de cet anniversaire : la diffusion du film d’Olga Baillif – son tout premier d’ailleurs ! – Le loup et les architectes. Fille de l’un des deux architectes, elle a documenté la construction du théâtre, comment l’équipe a dû faire avec très peu de moyens, en redoublant d’ingéniosité. On y découvre aussi les répétitions du tout premier spectacle joué dans le Théâtre. S’en est suivie une discussion autour du lien entre utopie et éphémères, autour des souvenirs et perspectives, le tout dans une ambiance toujours détendue.
Après la pause, place à la présentation de saison. L’ordre a été tiré au sort, chaque troupe étant appelée par un son qu’elle avait préalablement transmis au Théâtre. Chacun·e avait alors quatre minutes, pas une de plus, pour présenter son projet. Cet ordre aléatoire est celui que nous avons choisi pour vous présenter les spectacles à venir au Loup.
Quelle meilleure manière de commencer qu’en parlant d’une installation, elle aussi éphémère, intitulée Le répertoire des réconforts ? En deux voyages, l’un en novembre 2022, l’autre il y a quelques semaines à peine, Maude Lançon a récolté des capsules sonores, accompagnée de sa mini-roulotte tirée par un vélo. Les rencontres qu’elle a faites, les moments échangés autour du lien intime de chacun·e avec son propre réconfort a donné naissance à cette installation, que l’on pourra découvrir en marge de Merci pour cette danse, le spectacle qui ouvrira la saison.
Les 11 et 12 mai 2024, soit presque à la fin de la saison, Simon Aeschimann, accompagné du duo Elvett et de Madeleine Raykov à la mise en scène, questionnera le trac dans Track Attack. Phlip attend sur scène quelque chose qui ne vient pas, il tremble, sue et ne comprend pas. Alors il décide d’entrer dans son corps pour explorer ce drôle de phénomène. Avec Phlop, en quelque sorte son Surmoi, ils rencontreront divers personnages qui les aideront à appréhender cette drôle de peur. Un spectacle musical à voir dès 6 ans.
En guise de clôture de saison, du 18 au 30 juin, Antoine Courvoisier et Angelo Dell’Aquila présentent Broker, un vaudeville bancaire. On assistera à la dernière journée d’une agence de trading où les employés doivent être remplacés par un algorithme. Mais le supertrader de la boîte veut tout renverser, alors que chaque employé·e tentera de tirer son épingle du jeu pour remplacer le patron. Ce projet imaginé depuis six ans déjà verra notamment y participer Brigitte Rosset, Christian Scheidt ou encore Julien George, le spécialiste des vaudevilles, nous a-t-on dit.
Du 5 au 17 décembre, Léa Pohlhammer présentera sa Playlist, un spectacle pensé depuis longtemps qui alliera théâtre, musique, et fête. Elle dont la vie est rythmée par la musique, qui l’accompagne dans tout ce qu’elle fait, a souhaité créer un spectacle empreint d’un univers sonore pop, pour lequel elle a demandé l’aide d’Andrés Garcia. Attention, il ne s’agira pas d’un spectacle de reprises de chansons, elle a bien insisté là-dessus !
Fin mai, vous pourrez découvrir À l’affût, la nouvelle création de Juliette Vernerey. Après le succès de Quête l’an dernier, elle repart avec la même équipe belgo-suisse, mais accompagnée cette fois par le projet « Part mobile » de la Cie l’Alakran. Cette dernière met à disposition ses compétences pour des artistes émergents qu’elle souhaite soutenir. Dans À l’affût, donc, Juliette Vernerey s’est inspirée du film La Panthère des neiges et a réfléchi au fait que les humains qui vont observer des animaux sauvages les dérangent forcément, d’une façon ou d’une autre. Ça, c’est pour la trame de départ. À travers ce spectacle, elle nous invite à rester éveillé·e·s, sur nos gardes, dans ce qu’elle nomme un thriller polaire, en interrogeant notre influence sur notre environnement. Une manière de réfléchir au monde autrement et d’envisager une fin plus optimiste.
Les 7 et 8 octobre, David Greilsammer et le Geneva Camerata adapteront librement Platée, l’opéra de Rameau dans lequel le Roi et sa famille sont parodiés dans un univers de grenouilles. Le spectacle, intitulé Platée, reine des grenouilles s’adressera à tout le monde, dès 5 ans, avec la présence de marionnettes. Il y aura même du rap dans cet opéra !
Quant à l’année 2024, elle débutera avec la nouvelle création de Leilia Yahr et la Cie Kaleidos. Après Glass Room, elle reprendra Les Perses d’Eschyle pour questionner son identité de Suissesse à travers ses origines iraniennes. Dans cette tragédie racontée du point de vue des vaincus, elle invite à créer l’empathie et à se mettre à la place de l’autre. À travers ce spectacle, elle raconte aussi son histoire familiale, touchée par l’exil, avec la présence sur scène de femmes l’ayant vécu et qui composeront le chœur des Persanes.
La création signée par le Loup pour cette saison est l’œuvre d’Eric Jeanmonod, qui proposera Nos histoires de l’art, du 19 avril au 5 mai. Dans un jardin public, des humains côtoient des oiseaux, les écoutent, et surtout dialoguent entre eux. Pas de smartphone à l’horizon, mais des discussions autour de l’art sous toutes ses formes, entre passionné·e·s, qu’iels soient retraité·e·s, étudiant·e·s ou encore SDF.
Du 27 octobre au 12 novembre, Lola Riccaboni reprendra Miranda, reine de quoi ?, d’après le livre qu’elle a tant aimé durant son enfance. Miranda, c’est une petite fille qui grandit dans une famille du cirque et qui cherche sa voie, veut trouver sa place. À travers elle, c’est donc la question de l’identité et de la quête de soi qui sera posée.
Enfin, la présentation s’est conclue par le spectacle qui… ouvrira la saison ! Merci pour cette danse est un projet évolutif, au fil de l’évolution de la recherche de Piera Bellato et des théâtres dans lesquels se joue le spectacle. Elle y questionne le non-humain, dans un projet qui invite à faire la fête, à sauter, et « ça urge », nous dit-elle ! Chaque version du spectacle est différente, mais toujours réussie, nous a dit Rossella Riccaboni !
N’oublions pas non plus la douzième édition de C’est Déjà Demain, sur laquelle on ne peut pour l’instant pas dire grand-chose, les dossiers étant actuellement en cours de réception et de lecture. On en saura donc un peu plus bientôt !
Après cette présentation, place à une pause bienvenue pour déguster un succulent risotto préparé par le chef Antonio Provenzano et son équipe, le tout en musique grâce à la fanfare Revuelta. Puis le Théâtre du Loup a offert au public le spectacle de stand-up de Rébecca Balestra, sobrement intitulé Rébecca Balestra. Si le texte a bien sûr évolué depuis qu’on l’avait vu en septembre 2022 à Lausanne, on retrouve toujours le franc-parler de la comédienne, des sujets surprenants comme la culotte de Jésus, le surréalisme ou encore la vulgarité des gestes du quotidien, pour une heure de spectacle visant à casser les codes du stand-up tout en les suivant. La journée s’est conclue avec une soirée rythmée par Alain Borek et Baptiste Coustenoble, alias Club Michel DJ !
Avant de passer la main à une nouvelle équipe de direction, l’équipe du Théâtre du Loup se prépare donc à offrir une magnifique trentième saison à son public. On a hâte d’y être !
Fabien Imhof
La programmation complète et les détails de chaque spectacle sont à retrouver sur le site du Théâtre du Loup.
Photo : © Claude-Marius Durand (chantier de construction du Théâtre du Loup), © Anne Fatout (Fanfare Revuelta) et © Théâtre du Loup (banner)
