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Lexique autobiographique : quelques définitions

Depuis plusieurs années, le Département de langue et littérature françaises modernes de l’Université de Genève propose à ses étudiantes et étudiants un Atelier d’écriture, à suivre dans le cadre du cursus d’études. Le but ? Explorer des facettes de l’écrit en dehors des sentiers battus du monde académique : entre exercices imposés et créations libres, il s’agit de fourbir sa plume et de trouver sa propre voie, son propre style ! 

La Pépinière vous propose un florilège de ces textes, qui témoignent d’une vitalité créatrice hors du commun. Qu’on se le dise : les autrices et auteurs ont des choses à raconter… souvent là où on ne les attend pas ! 

Aujourd’hui, c’est Flora De Lucia qui prend la plume et qui vous offre ces quelques mots qui la définissent…

* * *

Amitié : Fidèle ou infidèle, cette relation est ainsi nommée car les mots qui s’y trouvent cachés composent son plus profond intérieur : « a mi, ti é » = « à moi, tu es ». Une rencontre entre deux individus qui devient plus ; plus forte qu’une simple appréciation de caractère ou de physique. « Tu es à moi », parce que je donne une partie de mon âme, de ma personnalité à un être qui m’intéresse, m’écoute, me conseille, en qui j’ai confiance. « A mi ti é », parce que cette partie de moi vit en quelqu’un d’autre – « je suis à toi » – et inversement. Attention cependant à ne pas se tromper sur l’interprétation de ce mot ; la relation que nous expose cette définition peut être dépassée par des sentiments qui apportent une profonde toxicité : la jalousie, la possession d’autrui dans son intégralité.

Automne : Saison de l’année qui se situe entre l’été et l’hiver. Saison dont vous êtes l’élément principal. Saison durant laquelle vous vous enflammez d’un camaïeu de rouge, orange, jaune, avant de vous vous détacher de vos branches. Vous mourez en chutant et venez vous écraser sur le sol, afin de créer un tapis de cadavres, flamboyant et extraordinairement plaisant à piétiner lors de balade en montagne.

Brouillard : Constitué de minuscules gouttes d’eau suspendues dans l’air, le brouillard est un phénomène encombrant qui efface, par sa densité, les paysages qu’il traverse.

Girafe : Elle est grande, allongée, divine. Elle pourrait être considérée comme inexistante, irréelle, fantastique. Elle se dresse sur ses quatre pattes fines et mesure entre quatre et cinq mètres de haut, grâce à son cou infini. Elle est jaune tâché de roux ou roux tâché de jaune, difficile à savoir. Ce qui est sûr, c’est que son ventre est blanc et que sa tête est coiffée de cornillons (et non de cornichons ! – ce qui aurait pu être tout aussi plausible). Il paraît même qu’elle est la seule espèce sur Terre à ne pas bâiller. Difficile de ne pas la ranger dans la catégorie des animaux légendaires. Il faudrait la voir pour y croire…

Huître : Mollusque marin. Salé. Tout le monde pense que c’est répugnant mais, en fait, c’est bon.

Sentiments : Au fond de chaque être se trouvent différents personnages qui lui sont propres. Ils se distinguent à travers des catégories dévoilant des sous-catégories qui révèlent à leur tour d’autres sous-catégories. Ces personnages sont en chacun et se battent à longueur de journée, tout au long de la vie afin de pouvoir faire fonctionner l’esprit de façon plus ou moins correcte. Bien sûr, nous ne pouvons affirmer que l’esprit de chacun fonctionne de manière absolument juste, car il nous faut avouer que, de même que leurs rôles les différencient, la forme et le caractère de ces personnages n’est pas la même pour tous ; certains prennent le dessus – la colère, fatiguée de puiser son énergie, laisse sa place à la haine – la tristesse, moralement épuisée s’efface derrière la joie. Ce sont ces combats incessants qui habitent les êtres vivants, qui les font s’agiter, avancer, briller – et parfois, sombrer.

« On se trifouille le tourbillon » : Expression utilisée pour annoncer une grande beuverie, le plus souvent commençant à 21h et se terminant au petit matin. Au-delà d’être une beuverie, il s’agit surtout d’une réunion avec les gens que l’on aime, les gens qui nous soutiennent, ceux avec qui l’on apprécie passer du temps. Évidemment, ces réunions ne se font pas dans le calme, puisque l’alcool est présent pour raviver de vieux souvenirs, ou pour nous guider pendant des heures. Le plus souvent utilisée seulement par certains membres du groupe l’ayant inventée : Robin H. et Sacha E., cette expression divulgue un univers étrange, un univers qui n’est pas connu de tous, un univers dans lequel tout devient possible et les conséquences n’importent que peu.

Pour expliciter cette expression :

  • « trifouiller » : remuer, retourner (quelque chose) dans tous les sens en instaurant un certain désordre (Trésor de la Langue Française)
  • « tourbillon » : analogie entre « tourbillon » et « estomac »

La boisson vient donc remuer notre estomac et instaurer un certain désordre dans notre esprit.

Flora De Lucia

Photo : © cocoparisienne

Ce texte est tiré de la volée 2020-2021, animée par Éléonore Devevey.
Retrouvez tous les textes issus de cet atelier ICI.

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