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Pastiche : Tracés d’enfance

Depuis plusieurs années, le Département de langue et littérature françaises modernes de l’Université de Genève propose à ses étudiantes et étudiants un Atelier d’écriture, à suivre dans le cadre du cursus d’études. Le but ? Explorer des facettes de l’écrit en dehors des sentiers battus du monde académique : entre exercices imposés et créations libres, il s’agit de fourbir sa plume et de trouver sa propre voie, son propre style !

La Pépinière vous propose un florilège de ces textes, qui témoignent d’une vitalité créatrice hors du commun. Qu’on se le dise : les autrices et auteurs ont des choses à raconter… souvent là où on ne les attend pas !

Aujourd’hui, c’est Angela Allemand qui prend la plume. Elle nous invite dans un pastiche… à vous de découvrir l’auteur ou l’autrice d’origine ! Bonne lecture !

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Tracés d’enfance

Cuisine rustique d’un vénérable chalet, plancher de bois noirci où préside un baquet de fer-blanc rempli d’eau chaude et savonneuse, véritable trône de Neptune, devant lequel des petits enfants nus et frissonnants attendent à la queue leu leu.

Forteresse organique, château-fort de lumière, mélange d’herbes hautes et de bouts de bois glanés de ci de là, au centre de laquelle des aventuriers se protègent contre un ennemi imaginaire plus méchant que nature, menace fantastique mais pourtant si réelle dans les jeux enfantins.

Garnie de paille, la vieille grange sombrement lumineuse, bruissant d’anciens secrets, conserve la mémoire estivale des champs, alchimie temporelle où le végétal s’est transformé en or. De ses entrailles de foin émergent en se tortillant des enfants ébouriffés, les cheveux piqués de fétus, riant d’avance à l’idée de se jeter du haut de la grande poutre dans les bottes défaites et moelleuses.

Pieds frappant le bitume, longs cheveux étirés en posture horizontale par une vitesse prodigieuse qui engendre une sensation de totale liberté, les passants ombres floues et statiques, spectateurs béats d’admiration, l’école dans le dos, le repas de midi sur la table comme un trophée qui attendrait sa championne.

L’océan sous le ciel gonflé de mélancolie où s’entremêlent comme des fractales les nuées grises panachées de blanc, l’océan absolu, son fumet salé, son ressac éternel qui hypnotise, au point de faire couler ses yeux, l’enfant muette transportée dans un songe éveillé.

Angela Allemand

Vous souhaitez découvrir d’autres textes produits dans cet Atelier ? N’hésitez pas à vous rendre dans nos pages numériques… et à découvrir une sélection-florilège sur L’Exultoire (le site de l’Atelier).

Photo : © Hans

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