La Geste d’Avant le Temps : épisode 14

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti !

Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 14 : le musicien

Une voix chantait. Les mains moites, Hypérion sortit de la tente et se retrouva sous un ciel étoilé. L’air était frais ; un feu de camp s’élevait dans la nuit. Et autour…

C’étaient des humains. Hypérion savait que certains royaumes abritaient des créatures merveilleuses, des Elfes, des Nains… même des Sirènes et des Oiselles – des femmes pourvues d’ailes gigantesques. Mais les étrangers qui se tenaient là étaient bel et bien humains. Assis autour du feu, ils écoutaient celui qui jouait. C’était un jeune garçon, peut-être de l’âge d’Hypérion. Contrairement aux autres, sa peau était très pâle et ses cheveux semblaient tissés dans du fil d’araignée. Entre ses doigts, la harpe d’Elestra vibrait. Hypérion savait qu’il aurait dû avoir peur. Ces inconnus l’avaient sauvé, mais il ignorait leurs intentions. Pourtant, le son était si beau ! Peu à peu, les notes ralentirent, ralentirent – pour s’arrêter tout à fait. Le musicien tourna la tête vers lui : ses yeux étaient rouges. Il était albinos.

« Sois le bienvenu, Hypérion, fils de Marieth », dit-il d’une voix douce.

« Comment savez-vous mon nom ? Et comment connaissez-vous ma langue ? »

« Il y avait une étiquette cousue sur ton sac – visiblement, ta mère a peur que tu égares tes affaires… Quant à ta langue : disons que nous avons l’habitude d’apprendre les parlers de ceux que nous croisons. »

L’humour dans la voix du musicien fit sourire Hypérion :

« Vous… tu connais mon nom… mais j’ignore le tien. »

« Je me nomme Je’An. J’appartiens au peuple des Fre’Hem. »

Les Fre’Hem ! Ces nomades vivaient dans les montagnes arides, au milieu du Désert des Larmes Sèches. Artistes dans l’âme, ils aimaient la musique et restaient à l’écart des autres tribus.

« Cette harpe est à toi, je crois », ajouta Je’An en lui tendant l’instrument.

« Merci. C’est tout ce qu’il me reste de ma meilleure amie… »

La nuit avançait. Peu à peu, un véritable festin fut dressé : Hypérion retrouva les fruits qu’il avait goûtés – mais il y en avait d’autres, des grappes, des gousses, des racines, des tiges, des graines, des feuilles… mille végétaux dont il ignorait les noms ! Apparemment, les Fre’Hem ne mangeaient pas de viande. Comment tout cela pouvait-il pousser, en plein désert ?!

« Pour l’instant, mangeons », proposa Je’An. « Ensuite, tu me raconteras tes aventures. »

Et ainsi fut fait.

Mathéo Guntz et Magali Bossi

Photo : ©Alexas_Fotos

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