La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°2 : La Geste d'Avant le Temps

La Geste d’Avant le Temps : épisode 45

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 45 : la silhouette invisible

Elestra attendait avec impatience le retour d’Angélus.

Cet être étrange en forme de pie avait pris la décision curieuse, en voyant au loin les poursuivants d’Elestra, de la cacher dans une petite cabane remplie d’outils qui, vraisemblablement, servaient à cultiver les plantes étranges des champs avoisinants. Il était ensuite parti rapidement en direction d’autres champs, visiblement pour éviter qu’Elestra ne soit repérée, en lui intimant de ne pas faire de bruit. Par une petite brèche dans un des murs, elle avait vu ses poursuivants regarder dans toutes les directions depuis le sentier-miroir, puis repartir en direction de la tour au loin.

« Comme c’est étrange ! », se dit-elle, en repensant à sa folle aventure. Après tout ce qui s’était passé, elle avait peut-être trouvé en Angélus un être qui pourrait la guider chez elle afin de retrouver son père et Hypérion, et mettre derrière elle ce monde inconnu et inhospitalier…

Peu après, toujours terrée dans la cabane, en entendant un peu de bruit, elle vit Angélus revenir. Il portait visiblement quelqu’un sur son dos, mais la distance rendait ses traits indiscernables.

Et… là ! Le cœur d’Elestra ne fit qu’un tour : une silhouette, d’apparence humaine et vêtue de noir, suivait Angélus. La pie pénétra dans sa maison avec son chargement. Le visage caché, la silhouette s’approcha furtivement de la bâtisse, et resta à distance raisonnable – sans oser entrer. Elestra ne quittait pas des yeux la silhouette sombre. Elle la fixait, depuis sa cachette. Soudain, la porte de la cabane s’ouvrit. Elestra émit un bref cri, qu’elle tenta de réprimer en se retournant et agrippa un outil au passage.

« Je m’excuse, je ne voulais pas te surprendre », dit Angélus. « En tout cas, tu ne feras de mal à personne avec ce minute-papillon, cela fait bien longtemps que je ne l’ai pas aiguisé. »

Elestra se détendit, et regarda l’outil avant de le reposer. De toutes les choses qu’elle avait vues dans ce monde, celle-ci lui semblait familière. Elle ne l’avait jamais vu utiliser, mais un outil du même genre se trouvait caché dans une caisse au fond de l’atelier de son père ; elle l’avait trouvé quand elle y jouait – bien entendu sans autorisation – avec Hypérion. Y avait-il un lien entre ce monde inconnu et elle, finalement ? Angélus ne lui laissa pas trop le temps de se perdre dans ses pensées :

« J’ai trouvé un autre humain comme toi. Il avait l’air égaré. Il lui est arrivé quelque chose et il est inconscient, peut-être peux-tu l’aider ? »

Un autre humain ? Ici ? Égaré ? Ébahie, elle mit deux secondes à se ressaisir. Elle devait prévenir Angélus qu’il avait été suivi. Elle regarda brièvement dans la fente du mur de la cabane où elle avait vu auparavant la figure sombre se terrer.

« Angélus », murmura-t-elle rapidement. « Tu as été suivi, regarde… là-bas, derrière la brouette… ! »

Angélus eut un moment de doute. Il s’approcha de la fente et regarda :

« Où ? Une silhouette ? Je ne vois rien… »

Elestra poussa Angélus pour regarder à nouveau, et vit la silhouette, clairement. Angélus devait avoir un problème de vision. La silhouette, au même moment, décida de s’avancer en direction de la cabane et soudain, comme prise au piège, poussa un cri strident.

« Tu as entendu, Angélus ? » s’écria Elestra.

« Entendu quoi ? » répliqua Angélus. « D’habitude, c’est moi qui entends des bruits que les autres n’entendent pas… »

De plus en plus étrange… Elestra n’avait pas quitté des yeux la silhouette qui avait l’air d’avoir un pied pris dans un piège. La jeune fille sortit de maison, en intimant à Angélus de la suivre. Elle s’approcha. La silhouette, d’apparence humaine, féminine, portait un long habit noir, un voile couvrait sa tête et la partie inférieure de son visage. Celle-ci vit Elestra s’approcher et cessa de se débattre. Ses yeux étaient noirs, mais on pouvait comme s’y perdre, tant ils donnaient l’impression de renfermer l’univers entier. Elestra y lut du désespoir, comme la réalisation que tout était fini.

Simon Johnson

Photo : ©Free-Photos

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