La plume : créationLa plume : littératureRécit participatif n°2 : La Geste d'Avant le Temps

La Geste d’Avant le Temps : épisode 59

Votre salon est trop petit pour vos ambitions ?

Vous rêvez de parcourir des étendues sauvages, des citadelles élancées, de terrasser des dragons, de rencontrer des elfes, de mettre la main sur un trésor… ou d’embarquer sur un bateau pirate ? La Geste d’Avant le Temps est un récit participatif qui veut remédier à l’exiguïté de nos domiciles et rêver d’un autre monde.

La Pépinière a réuni des rédacteurs très différents : amateurs, confirmés, jeunes ou plus âgés, sages, originaux, déjantés, bagarreurs… Ensemble, ils vont vous emmener dans une quête épique, entre fantastique et science-fiction – sur les ailes de leurs imaginations !

Entre le feuilleton et le cadavre exquis, La Geste d’Avant le Temps vous accompagnera chaque jour dans un texte évolutif et des aventures palpitantes. Nous espérons ainsi vous changer les idées, en cette période confinée… Que faire à l’issue du projet ? Lecture publique ? Publication ? Performance ? Nous cherchons encore des idées !

Alors, vous nous suivez ? C’est parti ! Retrouvez le début du feuilleton ICI !

* * *

Épisode 59 : la tanière des Mange-Temps

Celui qui se faisait appeler Je’An – et dont le nom réel était si terrible, si effroyable que personne ne l’avait prononcé depuis des temps immémoriaux… celui qui se faisait appeler Je’An, donc, franchit le portail avec assurance.

Sa soif de sang et de souffrance était à son comble. Bientôt… bientôt… il avait faim. Certes, les Mange-Temps se nourrissaient ordinairement des graines que plantaient les cultempvateurs de Rizator-III, grignotant le Temps lui-même – mais sous la forme dévoyée à laquelle Eien les avait condamnés jadis, certains d’entre eux étaient devenus des prédateurs redoutables… qui ne rechignaient ni à la torture, ni à l’amusement qu’elle pouvait procurer. C’était un moyen comme un autre de garder un bon état physique… en jouant aux dépends de la proie.

Et dans cet art, celui qu’on appelait Je’An était passé maître.

Le portail le recracha au milieu des champs familiers de Rizator-III. Enfin, il y était… la planète où son règne commencerait. Il n’avait pas de temps à perdre, le terme de la prophétie approchait, il le sentait. Par où commencer ?

Tout d’abord, regrouper mon peuple. Ensuite, tuer Hypérion et Elestra, et enfin… remodeler le Temps et l’Univers à ma convenance. Voilà qui semblait parfait.

Un tourbillon et il se métamorphosa en cultempvateur : l’ouverture du portail avait fait trembler les cultures avoisinantes et alerté des gardiens armés qui arrivaient en trombe. La vue des soldats venant dans sa direction ne lui fit ni chaud, ni froid : ce n’était pas au programme, mais s’il le fallait, il se débarrasserait d’eux comme il s’était débarrassé de Boru… il le savait bien, les plans ne se déroulent jamais comme on les a prévus.

« Halte ! Qui va là ? Qui êtes-vous ? »

Celui qu’on nommait Je’An s’inclina bien bas, déclina une fausse identité et leur indiqua que la personne qui venait de franchir le portail était partie dans la direction opposée… La troupe se dirigea au pas de course à l’endroit indiqué. C’était presque trop facile…

Une fois assuré qu’il était à nouveau seul, il partit discrètement rejoindre son peuple. Il marcha pendant longtemps, traversant plusieurs champs de secondains et minutains. Rapidement, il s’enfonça dans des contrées plus sauvages, qu’irriguaient plusieurs fleuves. Déployant ses pouvoirs, il s’autorisa à avaler en un battement de tentacules la distance qu’il aurait parcourue en un jour de marche soutenue. Les Voyageurs Temporels, qui les traquaient sans merci, avaient beau poser des pièges et des filets : les Mange-Temps s’étaient réfugiés dans les tréfonds de Rizator-III… tant qu’ils ne quittaient pas la planète et ne faisaient pas de vague, ils étaient en sécurité. Voilà bien longtemps que lui-même n’avait pas rendu visite à son peuple, retranché en attendant son heure ; il lui tardait de raffermir sur eux son emprise, pour mettre ses plans à exécution. Toute cette mascarade autour de la prophétie devait cesser, et vite !

La montagne se dressait là, devant lui. Enfin.

À l’horizon, la tour des Gardiens n’était qu’un trait lointain. Les racines de la roche dissimulaient une petite ouverture, pas plus grande qu’un trou de souris. Il se glissa à l’intérieur, modifiant sa morphologie pour mieux entrer. La montagne était truffée de galeries, de goulots, de grottes. La plus grande d’entre elles avait été creusée voilà des siècles. On pouvait supposer que la cavité montait jusqu’aux sommets de la montagne, car on n’en voyait pas le plafond… À chaque palier de la caverne, des nids, des terriers, des abris sommaires s’étageaient – et au milieu du gigantesque espace troglodyte,  il y avait un trône.

Il était fait d’os, sur lesquels on pouvait encore discerner les coups de griffes et de crocs qui les avaient nettoyés. De part et d’autres de la grotte, des nuées de Mange-Temps s’affairaient, grouillant dans les terriers, escaladant les rebords des nids… ils avaient toutes les formes, toutes les tailles que leur ridicule pouvoir de transformation (le seul qu’Eien ait bien voulu leur concéder !) pouvaient leur donner. Du peuple des Yûbokujis ne demeuraient qu’une harde affamée et sans cesse un mouvement, à qui le désespoir et les mensonges avaient ôté toute sagesse…

David Weber

Photo : ©TheDigitalArtist

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